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Giulio Prandi enregistre deux œuvres inédites de Pergolèse

Le compositeur napolitain est certes mort à l'âge de 26 ans, mais il a eu le temps de composer une œuvre assez étendue, tant lyrique que sacrée, qui ne se résume pas au célébrissime Stabat Mater, ni à la fameuse Serva padrona.

Bien qu'elle ait connu un grand succès au XVIIIe siècle, sa musique fut oubliée par la suite pour être redécouverte avec bonheur de nos jours, grâce à un sérieux travail d'édition et à des enregistrements fouillés qui vont au-delà des quelques tubes connus.

Enregistrés pour la première fois, la Messe en ré majeur et le motet Dignas laudes resonemus, jusqu'alors inédits, présentent un nouvel aspect du génie de Pergolèse, illustrant son caractère énergique et solennel avec l'éloquence de son inspiration mélodique. Fruits de recherches musicologiques menées récemment par le Centro Studi Pergolesi de Milan, il ne s'agit pas, pour la messe, de publier une partition retrouvée, mais d'une reconstitution et d'un complément partiel d'une œuvre à partir de différents états disséminés dans des bibliothèques au travers de l'Europe.

Vraisemblablement composée en 1733 pour la fête de saint Joseph, la Messe en ré majeur est contemporaine du célèbre intermezzo La Serva padrona qui, au-delà de la « Querelle des Bouffons » qu'elle déclencha vingt ans plus tard, fut considérée comme l'origine de l'opéra bouffe. Comme cela était l'usage dans le royaume de Naples et dans de nombreux pays catholiques, il s'agit d'une « missa brevis » constituée des seuls Kyrie et Gloria, segmentés en diverses sections.

Avec un bel aria de soprano pour le Laudamus te, un gracieux duo soprano et alto pour le Domine Deus, un chœur solennel suivi d'un élégant quintette très expressif pour l'Agnus Dei, on retrouve les caractéristiques de la musique sacrée de Pergolèse, une science du contrepoint associée à un style galant, proche du lyrique, une exploitation spatialisée des masses sonores et le style imitatif, le tout pétri d'une profonde humanité et d'une lumière radieuse.

D'un esprit plus napolitain, le motet Dignas laudes resonemus, à deux chœurs et deux orchestres, développe une grande sensibilité de dévotion mariale dans un vaste effectif. Il exprime des thèmes communs aux textes du Stabat Mater et du Salve Regina en alternant les registres de la louange, de la supplication et à la participation aux souffrances de la Vierge.

Les forces chorales et orchestrales dirigée par rendent justice aux constructions parfois surprenantes de Pergolèse. Le quintette de jeunes chanteurs s'en sort au mieux, avec une mention spéciale pour les deux dessus, la soprano et l'alto .

La notice de la musicologue italienne Raffaele Mellace est certes savante, mais mal traduite, dans un style pour le moins alambiqué qui n'en facilite pas la lecture. La prise de son accentue un côté métallique assez agressif et désagréable, bien éloignée des prises de son légendaires du regretté Michel Bernstein, fondateur du label Arcana après Astrée Auvidis.

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