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Le NDT clôt le Festival Montpellier Danse sans coup de cœur

En clôture de la 38e édition du Festival Montpellier Danse, les pièces des chorégraphes et , et , dansées par les magnifiques danseurs du , sont certes agréables à regarder mais ne présentent ni grande originalité ni véritable exigence chorégraphique. La dernière création de , Partita for 8 Dancers, se révèle décevante.

Shut Eye du duo de chorégraphes résidents au (NDT), les inséparables Sol-León-et-Paul-Lightfoot, est une pièce de 42 minutes, sur la musique de l'Islandais . Dans un décor dépouillé, dont l'élément principal est une porte en fond de scène, l'atmosphère est sombre. Murs, scène et plafond noirs, éclairage faible : l'on peine à distinguer les jambes des danseurs du premier duo, vêtus de costumes noirs eux aussi. Le second couple, qui se veut le contrepoint lumineux du premier, porte des costumes d'un style suranné, sans que cette particularité ne soit explicitée ou exploitée. Puis, aux duos succède un ensemble de six danseurs dont les mouvements énergiques, précis et rapides, donnent une dynamique intéressante, mais leur lien avec les deux couples n'est pas développé. Le rythme ralentit lorsque commencent les Nocturnes de Chopin, dans un arrangement d'. Desservi par un propos qui manque de clarté, Shut Eye ne parvient ni à susciter l'émotion ni à empêcher l'ennui de s'installer face à des effets esthétiques mais un peu vains.

Partita for 8 Dancers, dernière née de , est une pièce créée le 17 mai 2018 à La Haye. Son point de départ est l'élaboration d'une réponse dansée à la Partita for 8 Voices de . Huit danseurs se donnent la réplique, les ensembles alternant avec des duos. L'écriture chorégraphique est fluide et enlevée, mais la construction de la pièce manque de cohérence et le dialogue entre gestes et voix n'est pas très intelligible. La toile de fond, barrée par une ligne rougeoyante, suggère une aube naissante, sans lien évident avec les mouvements des danseurs. Après The Seasons' Canon, l'on attendait une œuvre plus aboutie de la part de Crystal Pite.

C'est une courte pièce de , Woke up Blind, créée pour le NDT en 2016, qui clôt ce programme. Ici, aucun doute, la signature chorégraphique est évidente : gestes saccadés, rapides et tranchants comme des lames de rasoir, le style du chorégraphe allemand originaire de Wuppertal est immédiatement reconnaissable. La surprise réside dans le choix de la musique de Jeff Buckley, You and I, qui contraste avec l'exigence de l'écriture chorégraphique de . On pourrait se réjouir de voir une touche d'humour chez le chorégraphe dont l'univers est souvent sombre, mais l'effet n'est pas des plus réussis. Il crée une impression de juxtaposition entre danse et musique, déconnectées l'une de l'autre.

In fine, si ce programme est très applaudi car il mêle savamment technique néoclassique, « tubes » musicaux et troupe de qualité, il se caractérise par un manque d'innovation et d'émotion.

En première partie de soirée, à l'Agora Cité internationale de la danse, l'on pouvait assister à une performance de l'artiste transsexuelle , intitulée Contes Immoraux – Partie 1 – Maison mère. Déconcertante, la pièce questionne plusieurs notions fondamentales : l'acte bâtisseur et la destruction, l'éphémère, l'équilibre et le déséquilibre, les liens entre artiste et artisan, homme et nature. L'artiste construit sous nos yeux un temple de carton, engageant son corps dans le mouvement pour mettre sur pied la structure, construite à l'envers. Après ce long et fastidieux travail, découpe les colonnes à la scie électrique dans un vacarme assourdissant et une réplique du Parthénon en carton surgit sous nos yeux. L'artiste a à peine le temps de contempler l'œuvre accomplie que des gouttes d'eau commencent à tomber du plafond. Les gouttes se transforment en pluie, puis en déluge. Le temple de carton s'affaisse progressivement, en commençant par le toit qui s'écroule par son milieu. Puis, petit à petit, ce sont les murs qui s'affaissent. La pluie inonde le sol pendant que l'artiste, assise sur le sol, reste immobile, le visage impassible. De la fumée envahit la salle et enveloppe les spectateurs dans un nuage blanc épais. Une impression de chaos se dégage, référence aux grands conflits de la seconde moitié du XXe siècle, selon la note d'intention. Conçue comme la première partie d'une trilogie, cette pièce devrait être suivie de deux autres en 2019.

Crédits photographiques : Photographie n° 1 : Shut Eye ; Photographie n° 2 : Partita for 8 Dancers  © Rahi Rezvani

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