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Le duo Vernet-Meckler au service de la famille Bach

et ont eu la bonne idée de réunir au disque plusieurs générations de la famille Bach dans un programme quasiment inédit de pièces à quatre mains conçues pour le pianoforte, le clavecin ou l'orgue.   

À la mort de en 1750, ses fils composaient déjà dans un langage nouveau. Pendant que Carl Philipp Emanuel jetait les premiers jalons de la symphonie classique, avec son frère aîné Wilhelm Friedemann il écrivit des pièces charmeuses destinées à une petite horloge à flûtes dont Haydn, Mozart et Beethoven furent friands. Cet instrument automatique fonctionnait à l'aide d'un rouleau à la manière d'une boîte à musique, et à chaque heure résonnait une petite musique différente, d'une durée d'une minute environ. Le clavecin, l'orgue ou mieux encore le nouvel instrument nommé pianoforte qui pouvait fournir, comme son nom l'indique, toutes nuances grâce au toucher, furent les claviers de prédilection de ces musiciens. De ce fait, l'écriture n'est plus celle propre à l'orgue, avec ses contrepoints et sa polyphonie caractéristiques, mais basée sur le divertissement ou le récit accompagné, au service d'un discours de type profane, à distance de l'église. De nombreux organistes déploraient d'ailleurs la perte de la technique propre au jeu du pédalier, souvent remplacé par la technique du quatre mains, comme le montrent ici ces pièces originales.

Le duo Vernet-Meckler a choisi l'orgue de Béthune, récemment édifié à l'image des grands instruments baroques de l'Allemagne du nord. On est frappé par la perfection de l'harmonie de cet orgue, c'est-à-dire par le son même, inspiré directement des vénérables instruments historiques du XVIIe siècle de la région de Hambourg. Toute une palette sonore s'offre à eux tout au long du programme. Chez les descendants du « père Bach », on retrouve un style pas si éloigné que cela d'un auteur à l'autre, révélateur d'une époque plus que de la parenté même des compositeurs. Tout ici est écrit pour charmer l'auditeur, jusque dans ces miniatures pour horloge à flûtes. Le « 4 mains » rend ludique le discours bondissant et virtuose. Arrivé au bout du récital, l'arrivée de Johann Sebastian ne passe pas inaperçue, avec cette audacieuse transcription de son Concerto brandebourgeois n° 3 adaptée par Ernst Naumann à la fin du XIXe siècle. On retrouve la même démarche que le même Jean Sébastien fit auprès de certains Concerti pour violon de Vivaldi. Une transcription souveraine, évidente et rehaussée par le Largo de la Sonate pour violon et clavier en sol majeur BWV 1019 en lieu et place de la simple cadence laissée par Bach entre les deux mouvements rapides. Le finale est une fête du son, de joie et de doigts. Le tempo est très vif, à un temps, rendu possible par une précision diabolique de la mécanique de l'orgue et du jeu virtuose des interprètes. et nous transmettent leur énergie au travers d'une intention joyeuse et inspirée.

Pour une meilleure connaissance de la famille Bach, ce disque montre la richesse et le foisonnement d'une époque où tout passait par ces petits morceaux de bois, plus communément appelés claviers…

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