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Valery Gergiev clôture le Festival de Saint-Denis avec le Requiem de Berlioz

Deux mois après l'Orchestre Philharmonique de Radio France à la Philharmonie de Paris sous la direction de , l' donne avec sa propre interprétation du Requiem de Berlioz en clôture du cinquantième Festival de Saint-Denis.

L'acoustique réputée difficile de Saint-Denis ne porte pas préjudice à la Grande Messe des Morts opus 5 de Berlioz et lui offre au contraire un écrin à même de développer sa richesse dès l'introduction du Requiem aeternam par les chœurs, parfaitement préparés par Nicolas Fink pour ceux de Radio France, et par Ciro Visco  pour ceux de l'. procure à l'ouvrage moins de ferveur que Mikko Franck récemment, mais maintient tout au long calmement les ensembles par un tempo relativement lent.

Les premiers violons tiennent la première partie avec un engagement rassurant, renforcés par la présence de Sarah Nemtamu à leur tête. Le Kyrie laisse ensuite parler les beaux bois de l', puis le Dies Irae met en avant la sensibilité des voix de femmes, avant que le texte particulièrement détaché par les hommes ne vienne renforcer un peu plus la modernité de l'écriture du compositeur français, en même temps que les trémolos des cordes graves commencent à montrer du corps. Le Tuba Mirum bénéficie des cuivres déportés des deux côtés en dehors de la scène, puis des huit paires de timbales convoquées par Berlioz sur la partition, même si Gergiev les met tellement peu en valeur que l'on ne croirait entendre que les quatre paires visibles du parterre de la Basilique des Rois. Bien travaillé, le Quid sum miser redonne la première place à deux bois impeccables de l'.

se montre moins à l'aise avec l'écriture cyclique du Lacrymosa et semble plutôt vouloir la lisser que l'amplifier, sans pour autant perturber la qualité des bois, ni du chœur, parfaitement en place et précis sur le texte. La reprise plus allante profite aux cordes, légères en même temps que douces pour un passage auquel Berlioz a refusé tout caractère larmoyant, quand l'Offertorium développe plus d'introspection. Le Sanctus permet de découvrir le ténor Alexander Mikhailov, peut-être trop impliqué ou trop nasal pour certains, mais parfaitement adapté à la répétition et en même temps extrêmement clair sur son très court texte. Le chœur reprend la main sur la phrase Hosanna in excelsis, puis redonne la primeur au ténor.

L'Agnus Dei remet une dernière fois en avant des bois, flûtes, clarinettes et bassons irréprochables, pour s'achever sans excès d'émoi et libérer enfin un chef russe exténué, dont la chemise s'est trempée petit à petit pour finir totalement imbibée. Le spectateur ne ressort pas troublé, mais la qualité était au rendez-vous pour ce concert de clôture du demi-siècle fêté par le Festival de Saint-Denis.

Crédits photographiques : © Hiroyuki Ito

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