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Luis Fernando Pérez et le Sinfonia Varsovia dans Mozart

Au Festival de La Roque d'Anthéron, le pianiste s'associe au pour célébrer Mozart avec notamment deux de ses concertos les plus célèbres.

Sous la baguette de , l'orchestre offre une interprétation survitaminée de l'Ouverture des Noces de Figaro. Avec ses motifs serrés et ses attaques franches, ce jeu à l'énergie, souligné par un tempo enlevé, ne s'attarde pas sur l'expression mais privilégie une rythmique carrée et nerveuse.

Dans le Concerto n° 23, ce n'est plus la même approche ni le même son. L'orchestre libère les harmonies de son introduction et révèle une rondeur boisée, portée par le climat joyeux de l'Allegro. Entre légèreté et douceur, on est en présence du masque de la sérénité. dévoile un toucher délicat, peu appuyé, avec un minimum de pédale. Plus de corps aurait amené davantage de contrastes mais aussi de volume notamment dans le registre forte. L'acoustique des lieux ne favorisant pas la projection, la moindre nuance confidentielle est malheureusement couverte par l'ensemble. La réussite n'est d'ailleurs pas toujours au rendez-vous avec une précision digitale qui devient fébrile surtout dans le mouvement final. Le sublime Adagio en fa dièse mineur instaure un climat contemplatif sans atteindre la dimension poignante qui nous touche d'ordinaire. Débuter la toute première mesure avec un trille a un effet perturbant d'autant que la perfection d'écriture n'invite pas à alourdir le texte. L'orchestre n'est pas plus inspiré avec une expression trop esquissée surtout dans les crescendos pour permettre un décrochage émotionnel.

Après la pause, l'Allegro Maestoso du Concerto n° 21 surprend par son introduction pimpante. Le phrasé est aéré mais son caractère martial fait penser au Beethoven jeune de ses deux premiers concertos. Le pianiste use, quant à lui, d'un Cantabile moelleux. À chaque modulation, il nuance le propos tout en retenant légèrement le tempo dans les parties solo portées par un sens opératique parlant. Sous la conduite d'un chef attentif et visiblement heureux d'être sur le podium, le dialogue est équilibré entre les différents pupitres, notamment dans un Andante qui, sans atteindre des sommets, révèle une sobriété élégante. Dans le Final, l'absence d'une véritable direction sur la grande ligne laisse une impression mitigée. De plus, des erreurs de texte ainsi qu'une articulation parfois peu audible viennent gâcher l'écoute. Un manque de préparation en est peut-être la cause si l'on en juge par la partition que consulte constamment le pianiste dans ce dernier mouvement.

Le soliste offre deux bis. Tout d'abord, une version très personnelle du Nocturne en ut mineur opus 48 n° 1 de Chopin avec son climat grave, son tempo très ralenti dans la première partie. Après un choral étiré, la deuxième partie est suffocante car elle est envisagée dans un seul phrasé sans la moindre respiration. Puis, la Danse du feu de , plus percussive que colorée, ne retient pas non plus nos sens. Le chef reviendra enfin accompagné du soliste pour bisser l'Andante du Concerto n° 21.

Crédits photographiques : © Christophe Gremiot

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