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Rigoletto, trop grand pour l’Académie de chant de Verbier

Pendant les deux semaines du Festival, le baryton grec Dimitri Platanias, spécialiste du rôle, et la soprano italienne Barabara Frittoli ont dispensé leurs conseils à de jeunes chanteurs. Le fruit de leur travail était sur la scène des Combins avec Rigoletto de Giuseppe Verdi. Compte-rendu.

Peut-être que cette année, avec Rigoletto de Giuseppe Verdi, la barre était mise trop haute ou la volée des participants à l'académie de chant du Verbier Festival était trop peu expérimentée, mais le concert final se révèle décevant. Pourtant, le se montre à la hauteur de la tâche même si parfois il manque de subtilité dans ses nuances. La technique orchestrale demande de longues heures de pratique. Si des musiciens âgés de 15 à 18 ans ne peuvent égaler les performances de leurs ainés, il faut souligner la qualité de leur performance. L'attention délicate de la baguette du jeune chef russe n'est certainement pas étrangère au résultat plus que probant de l'orchestre. Plus à la direction de ses musiciens qu'à celle des chanteurs, il tient son ensemble dans les rails de la partition et apporte le meilleur des soutiens aux chanteurs.

Dans Rigoletto, le rôle-titre demande une présence quasiment constante durant toute la durée de l'opéra. Le protagoniste de cette année, s'il sait l'entier du rôle n'a malheureusement pas les qualités techniques suffisantes pour convaincre un auditoire. En effet, le chant trop approximatif du baryton et ses attaques imprécises ne peuvent suffire à l'incarnation même superficielle d'un des plus grands rôles du répertoire lyrique. En outre, manquant de concentration et fréquemment en délicatesse avec le diapason, il se met en danger dans les notes de passage.

À ses côtés, la soprano (Gilda) montre de sérieuses qualités vocales malgré une certaine angoisse de l'erreur qui la paralyse et l'empêche d'exprimer ses qualités strictement artistiques. Son « Gualtier Maltè… Caro nome » attaqué avec sérénité fait comprendre qu'elle possède déjà un solide métier. Sachant s'arrêter, reprendre son souffle avant de lancer ses aigus avec précisions, elle prouve sa parfaite préparation quand, lors de ses duos avec le baryton et le ténor , elle ne se laisse aucunement déstabiliser par les approximations vocales de ses collègues.

Le ténor (Il duca di Mantova) possède une voix charpentée aux harmoniques généreuses. Manquant de concentration, il se trouve lui aussi parfois en conflit avec le diapason. De même, il accuse une fatigue vocale qui va s'accentuant lors de la soirée. Il doit encore travailler sa voix physiquement, s'habituer à chanter sans se fatiguer et travailler le souffle.

Parmi les autres rôles, on remarque la basse Christian Adolph (Monterone), impressionnant de puissance sans pour autant négliger ni le phrasé, ni la diction. De son côté, la basse Sava Vémić (Sparafucile) apparaît sinon plus talentueux du moins mieux préparé que ses collègues. Il aborde le personnage avec une voix teinte de belle noblesse et une ligne de chant remarquable. Habillant son rôle d'un élégant legato, d'un timbre de voix ample, d'une diction claire, son expressivité vocale n'est pas sans rappeler celle d'un Cesare Siepi.

Crédits photographiques : © Aline Paley

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