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La Traviata au Capitole ou la belle Violetta d’Anita Hartig

Best-seller du genre, il aura pourtant fallu vingt ans à La Traviata pour intégrer de nouveau une saison lyrique au Théâtre du Capitole même si Verdi à régulièrement fait les beaux soirs de la ville rose ces dernières années. Pas sûr que les amoureux des aventures de Violetta et Alfredo sortent totalement repus. Mais le bel canto est bien là, grâce particulièrement à .

Premier laboratoire que cette Traviata du nouveau directeur qui, pour l'ouverture de sa première saison à la tête du Capitole, donne le la : chercher à faire rentrer l'institution dans une nouvelle ère avec des ouvrages lyriques plus populaires ou des grands classiques du répertoire, tout en renouvelant le genre par l'intervention de personnalités artistiques choisies aussi afin d'élargir le public.

C'est donc un novice du monde de l'opéra, , ancien directeur artistique du Lido, qui présente pour cette production une luxueuse mise en scène se révélant bien faible sur le plan théâtral avec des incohérences temporelles dans les univers et les décors pourtant parfaitement aboutis d' (on passe sans transition des soirées parisiennes et des paysages de Provence à une atmosphère fantastique). Les costumes des personnages principaux de Franck Sorbier sont sophistiqués mais pas suffisamment marqués, et dans le premier acte noient les protagonistes dans la masse des convives. La direction d'acteurs sans surprise est souvent trop statique pour convaincre, le chœur s'en trouvant particulièrement impacté en ne trouvant pas toujours sa place au sein de ces mondanités…La présence de camélias en fil rouge au centre de la scénographie est intéressante, que ce soit en rideau de scène, dans les décors, sur les costumes pour un retour aux origines d'un livret inspiré par La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas, symbole de la maladie qui peu à peu s'empare de l'héroïne et finalement la dévore. Intéressante aussi la danse macabre athlétique et virile des sublimes danseurs, Sophie Célikoz et François Auger, portés par les apparats haute-couture, squelettes dorés en nylon noir. Mais à part, peut-être, le dernier tableau où expire la jeune femme, la présence peu innovante du double de Violetta sous la forme d'une poupée ou le traitement si singulier et un peu grossier de la nourrice, ce travail n'affirme pas une lecture particulière. Les opulents moyens donnés à ce spectacle, apparemment à seuls fins de séduire, n'arrivent en vérité pas à combler une vision assez superficielle de l'ouvrage.

Dans la peau de Violetta, émerveille par la fragilité d'une émotion agréablement dépouillée et la solidité d'un chant défendu avec une voix puissante et colorée. Les angoisses de Violetta gangrènent chaque intervention de la soprano auréolée d'une belle envergure artistique. Son âme est mise à nue face à l'audacieux Germont, sa douleur brûle au dernier acte face à la mort. A ses côtés, tient le rôle d'Alfredo sans vaciller avec un bas-médium riche, un timbre lumineux, une souplesse du chant et une générosité ardente. Mais face à l'aura de sa partenaire, il faut bien avouer que les forces du ténor sont parfois au second plan, ce que la prestance de arrive à dépasser. Fort d'un agréable legato et d'une maîtrise parfaite du souffle, le baryton-basse se pare d'une noblesse de style pour un patriarche de belle envergure, ainsi que d'une autorité exemplaire prenant le pas sur l'humanité d'un personnage plus complexe. Au sein de seconds rôles bien homogènes face à des premiers rôles de bonne facture, la voix charnue de affirme une Flora presque sexuelle.

En fosse, les deux premiers actes manquent cruellement de précision. se retrouve devant un Orchestre du Capitole peu engagé, se plaçant en première partie en-deçà d'une distribution vocale conquérante, en écrasant parfois par la suite des seconds rôles par une intensité mal calibrée. Malgré une lecture assez linéaire, le lyrisme s'installe, élégant mais sans emphase.

Crédits photographiques : © Marco Magliocca

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