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Le Quatuor Diotima, Bartók avant tout

En résidence à la Maison de la Radio, le associe et pour un cycle de trois concerts. Ce dimanche, c'est pourtant Bartók qui l'emporte.

Le , reconnu dans le répertoire du XXe siècle, a manifestement mûri ces œuvres de Bartók, dont un enregistrement est annoncé prochainement. Le quatuor y fait preuve d'une grande précision de jeu dans ces pièces fort difficiles et d'une énergie sans relâche, utilisée à bon escient. Le programme, plus réaliste et varié que l'intégrale donnée l'an passé aux Bouffes du Nord, favorise certainement ces qualités.

Des deux premiers quatuors de Bartók ici choisis, le second (opus 17) ouvre le concert. Importance nouvelle du rythme et de la couleur, premiers emprunts marqués au folklore : la personnalité du compositeur s'y affirme réellement, tandis que son opus 1 était encore lié à l'héritage postromantique. Autour du mouvement central sont échafaudés en miroir deux mouvements lents. À la qualité du timbre de l'ensemble, s'ajoute un soin précis apporté aux changements de couleurs, aux ruptures et aux progressions. L'expressivité du violoniste Yun-Peng Zhao suivi des autres pupitres, sert le premier mouvement lyrique. L'intensification du jeu est sensible dans le Lento final à partir d'un départ demi-teinte et introverti avec justesse. L'Allegro molto capricioso est le mouvement galvanisant du cycle. Le compositeur y renouvelle les techniques de jeu dans le quatuor avec force pizzicati, ralentis, travail sur le rythme et emprunts à la musique populaire. Les archets bondissent, les timbres sont charnus, les enchaînements de motifs entre les pupitres remarquables : l'énergie des interprètes est là. Ces qualités se retrouvent dans l'opus 1, qui occupe la seconde partie du concert, depuis le mouvement lent, tortueux jusqu'au Finale effervescent.

L'incursion romantique du Quatuor n°13 de Schubert surnommé Rosamunde était prometteuse, mais audacieuse tant les deux compositeurs sont antagonistes dans leur façon de s'approprier la forme du quatuor à cordes. Le grand écart fut difficile. Si le beau timbre et la précision des quatre interprètes demeure, ceux-ci restent trop introvertis et les pupitres souvent mal équilibrés dans les trois premiers mouvements. Nous n'aurons pas le lyrisme ni la tension dramatique sous-tendant l'Allegro ma non troppo, tant le premier violon et l'ostinato du violoncelle sont discrets. L'interprétation ne manque pas de relief, pourtant les attaques et les phrasés semblent répondre encore à la logique de l'œuvre de Bartók qui précède, comme à contremploi. Les interprètes se retrouvent dans le dernier mouvement, non sans une certaine facétie.

Les deux prochains concerts Bartók-Schubert pourront être l'occasion pour le de se familiariser d'avantage avec cette partie romantique, autour des derniers quatuors n° 14 et 15, plus ouvertement dramatiques, et de parfaire ainsi la formule.

Crédits photographiques : Quatuor Diotima © Verena Chen Light

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