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Thierry Petit-D’Heilly, guitariste

est né le 22 mars 1971 à Epinal. Il débute la guitare à l'âge de 10 ans à l'école de musique de Saint-Mard, dans la classe de Jacques Gaillard. Quatre ans plus tard, il rentre à l'école normale de musique de Paris dans la classe de Catherine Fayance où il obtient à 18 ans le brevet d'exécution, premier nommé avec les félicitations du jury.

Il quitte alors l'école normale pour étudier avec Gérard Verba au conservatoire du XIIème à Paris. Il obtiendra pendant ces 4 années d'études le prix centralisé de la ville de Paris, le prix d'excellence de la F.N.U.C.M.U. en 1995 et la médaille d'or du C.N.R. de Paris en 1994. Il se perfectionnera ensuite avec Jania Chagnot. Il participe à des master class avec : Miguel-Angel Guirollet (Argentin), Pablo Marquez (Argentin), Roland Dyens (Français) et Olivier Chassain (professeur au C.N.S.M. de Paris).

Il enseigne actuellement en région Parisienne et débute parallèlement une carrière de concertiste. Ces apparitions en tant que soliste se font dans toute l'Europe (France, Italie, Allemagne) et ces prestations, en compagnie notamment de Christine Petit-D'Heilly et de l'ensemble Jerpsichore, font l'unanimité parmi la critique spécialisée mais aussi dans la presse quotidienne : «Puisse de tels interprètes faire école et contribuer à restituer à la musique du XIXe siècle sa juste place dans les programmes des récitalistes …» Christina et Robert Mercier, Guitare Diffusion. «Sobriété dans le décor, simplicité, sensibilité et virtuosité peuvent qualifier cette soirée ou Christine et nous ont amenés à partager leur joie de jouer avec leurs guitares […] Nous avons cependant une exigence, qu'ils reviennent souvent !» La voix de l'Ain. 07/2000.

Le disque

A travers ce disque intitulé «Concert de Salon, 19ème siècle», se propose de nous faire voyager dans le temps à la recherche de ces moments de séances récréatives, souvent méditatives mais toujours passionnées, où les mélomanes de la grande époque Viennoise, se réunissaient encore, l'après-midi ou le soir, autour d'un piano ou d'une guitare inspiré, désireux de ressentir ensemble les purs instants de bonheurs des grandes soirées de concert ou d'opéra qu'ils venaient de vivre.

Ces réunions de salon, très en vogue dans la Vienne musicale du 19ème siècle ont permis l'émergence d'un art, celui de la transcription. Mais que l'on ne s'y trompe pas pour autant ! Cet art de la transcription ne saurait être rabaissé ni négligé pour autant de raisons futiles comme le nombre de mélomanes qui étaient alors capable de l'apprécier en comités restreints ni le nombre des compositeurs qui étaient, en ces temps, assez inspirés pour le pratiquer. Souvenons nous de Schubert qui jamais ne se séparait de sa guitare lors des fameuses schubertiades en plein air. Puis Paganini (guitariste à ses heures) ou plus admirable encore, Liszt qui, par son travail et son génie, aura réussi à imposer au Monde entier, entre autres, le génie Schubertien.

Mais revenons sur le disque de Thierry Petit D'Heilly et attardons nous un peu sur les œuvres de ces compositeurs virtuoses que le guitariste interprète de main de maître avec une rigueur éclairée et une sensibilité mesurée, gardant toujours assez de distance pour donner à ses interprétations une réelle profondeur et une expressivité remarquable.

Avec la Grande Ouverture op. 61 de Mauro Giuliani (1781–1829) c'est un orchestre tout entier qui résonne fièrement dans un allegro de toute beauté et la guitare devient alors bien autre chose que ce que l'on aurait trop l'habitude de prendre pour un modeste et frêle instrument. C'est au contraire dans la démesure qu'il trouve, entre les mains de l'artiste, sa nouvelle voie. Mais une démesure faite de brio et d'allant et qui nous plonge irrésistiblement dans cet univers Rossinien si cher aux Viennois de l'époque.

Puis c'est au tour de Ständchen de Franz Schubert transcrite par Johann Kaspar Mertz (1806-1856). Que d'émotion, de tendre rêverie et de solennité dans cette sérénade du plus grand des romantiques de ce début de 19ème siècle rejaillissent dans cette transcription ! Et Thierry Petit D'Heilly sait nous le montrer par un jeu délicat et profond avec lequel nous nous laissons emporter très vite sans trop nous en apercevoir alors que sur nos lèvres se dessinent bientôt, dans un doux murmure, les premières paroles d'un Lied que nous ne nous lassons jamais d'entendre et d'apprécier : «Leise Flehen Meine Lieder durch die Nacht zu dir, …». Cette mélodie envoûtante qui nous hante jusqu'à la limite de l'obsession nous est ici admirablement interprétée par l'artiste.

Que notre soif d'émotion et de belle musique ne soit pas rassasiée pour autant ! Thierry Petit D'Heilly enchaîne dans ce disque et pour notre plus grand plaisir bien d'autres œuvres remarquables et qui ont toutes leurs propres attraits. Le Rondo n°2 op.2 de Dioniso Aguado (1784-1849) ou par delà la beauté de l'œuvre, la technique est mise à l'honneur. Dans la Fantaisie sur les thèmes de la Traviata de Francisco Tarrega (1852-1909) ce sont les thèmes de la fête et du drame si typique de l'univers de Verdi qui sont exposés brillamment nous replongeant par la même dans l'ambiance de l'opéra. Puis la Cinquième Fantaisie de Fernando Sor (1778-1839) avec ses neuf variations sur l'air de Paisiello (1740-1816) «Nel cor più non mi sento» ou la virtuosité atteint des sommets. Le guitariste interprète cette œuvre avec une réelle maîtrise de l'instrument même s'il aurait pu donner encore plus de relief à cette œuvre admirable en faisant preuve d'un peu plus d'agressivité sur les cordes. Puis c'est au tour, et pour conclure, de la Rêverie op. 19 de Giulio Regondi (1822-1872), l'enfant prodige. Cette œuvre toute acquise à la cause du trémolo permet une exploitation maximale de l'instrument avec de grands arpèges sur tout le manche y compris dans le suraigu, trémolo, longs mouvements à voix (deux ou trois) parallèles et à nouveau trémolo pour finir. Et, là encore, Thierry Petit D'Heilly est convaincant en réussissant à donner à cette œuvre tout son lyrisme et sa virtuosité.

Référence : Thierry Petit-d'Heilly, Concert de Salon – 19ème siècle, 2000 – CTPD 0001. Durée 56'03''.

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