- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Luisada Show à Toulouse

La présence, rare, de deux concertos pour piano au programme ne laissait planer aucune ambiguïté sur la véritable star de la soirée. En effet, après une Sérénade de Dohnanyi, non dénuée de charme, mais un charme tout de même bien volatil qui ne laisse guère de souvenir, le véritable point fort du concert fut le concerto « Jeunhomme » de Mozart.

On connaît plutôt comme -excellent- ténor, mais il se révèle chef capable, et quelques idées musicales – comme le dynamisme insufflé aux phrasés du premier mouvement par des accents détachés – sont tout à fait bienvenues. La minceur de l'orchestre, un peu maigre en effectif tout de même pour ce répertoire, et des bois, pas absolument infaillibles, ajoutaient paradoxalement une touche de fragilité pas du tout malvenue, d'autant qu'elle accompagnait parfaitement les options du pianiste, notamment dans le mouvement lent.

En effet, cultive dans cette œuvre une interprétation toute de clair-obscur, jouant sur les oppositions de phrases grâce à un toucher très varié et coloré, jamais agressif. On peut trouver, bien sûr, qu'une œuvre d'un compositeur de 21 ans ne demande pas autant de sérieux ou de poids dans le toucher, mais l'expressivité de l'œuvre, la première du compositeur à échapper au style galant, autorise cette vision retenue. L'Andantino, particulièrement, y gagne un poids, une émotion rare et prenante. Seul le Rondo final y perd de son éclat, dans une main gauche adoucie et un tempo retenu. Mais l'originalité de cette conception, à la limite du maniérisme parfois, méritait véritablement le détour.

On connaît plus les affinités de Luisada avec et, pourtant, ce n'est peut-être pas dans cette œuvre qu'il aura le plus marqué les esprits. Il faut dire, à sa décharge, que la réduction assez crue pour orchestre à cordes n'arrange guère les choses, d'autant que les musiciens y ont connu quelques sérieux accrocs de justesse. Difficile, dès lors, de laisser éclater toute la fougue de l'œuvre sans nuire à l'équilibre du dialogue, d'où une version maîtrisée mais toujours en demi-teinte.

Ce concert aura en tout cas confirmé la singularité de l'art de et permis également de découvrir une nouvelle facette des talents de , musicien à la personnalité éminemment sympathique.

(Visited 137 times, 1 visits today)