- ResMusica - https://www.resmusica.com -

La Roza Enflorese – Aux sources de la musique de la diaspora

Dans ce premier disque « Séfarad » de La Roza Enflorese, sont regroupés des chants issus de la tradition orale et nés de la diaspora* de 1492 en Espagne.

Une voix de femme, accompagnée du seul tambour sur cadre, exhale des mélodies simples aux teintes tantôt plaintives, nostalgiques ou sensuelles et festives. La Roza Enflorese, créé en 2000 par Edith Saint-Mard et , est un groupe de musiciens et chanteurs qui ont choisi de donner une autre dimension à ces chants venus du fond des âges. Les musiques espagnoles des XVe et XVIe siècles enrichies par les cultures turques et arabes du bassin méditerranéen se rencontrent dans une savante alchimie musicale prenant sa source dans les chants séfarades, s'écoulant aux rythmes des musiques traditionnelles et des improvisations inspirées des musiciens.

Des instruments venus de la Renaissance occidentale (violes, cistre, flûtes à bec, cromornes) et d'autres issus des musiques traditionnelles du bassin méditerranéen tel le oud turc et différentes percussions arabes sadjat, bandir, daraboukkas, riqq, ont été intégrés à ces chants dans une volonté de renouveau par un savoureux mélange des cultures. La démarche revêt ainsi deux aspects, celui qui prouve que les chants séfarades sont en perpétuel mouvement, s'enrichissant au fil des siècles de ses influences musicales mais aussi celui qui évoque une époque moderne où les frontières culturelles s'estompent pour laisser place à un vivier de ressources musicales où les plus inspirés trouvent une voie nouvelle pour satisfaire leur besoin d'expression.

L'ensemble est particulièrement attractif et invite d'emblée à la méditation. La voix de la mezzo-soprano Edith Saint-Mard nous emporte au-delà des frontières. Le dépaysement est complet.

 

* Diaspora : Durant l'inquisition, l'Eglise catholique espagnole ne se satisfait pas des procès et des autodafés. Elle veut faire disparaître le crypto-judaïsme. Le grand inquisiteur, Thomas de Torquemada, propose aux Rois catholiques de résoudre le problème en expulsant les Juifs du territoire espagnol. Le 2 janvier 1492, le roi Ferdinand d'Aragon et la reine Isabelle de Castille signent le décret d'expulsion qui prend effet le 31 mars de la même année. Plus de 200.000 Juifs espagnols (ou « séfarades ») préfèrent le départ à la conversion, et sont bientôt suivis par leurs coreligionnaires portugais expulsés en 1497. Ils trouvent refuge dans l'Empire Ottoman (Istanbul, Salonique, notamment). D'autres s'installent en Italie, en Hollande, à Londres, à Bordeaux, en Afrique du Nord, aux « Amériques ». Ils emportent avec eux les clefs de leur maison, persuadés que leur absence sera brève, et continuent à parler l'espagnol médiéval (ou ladino) pendant cinq siècles d'exil. (Les Juifs d'Espagne, histoire d'une diaspora 1492-1992, collectif, Paris, Liana Levi, 1992.)

(Visited 410 times, 1 visits today)