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Marie Cantagrill : Rêveries et passions

Née en 1979, débute le violon à l'âge de cinq ans. Après des études au CNR de Grenoble et de Boulogne Billancourt où elle obtient les médailles d'or de violon et de musique de chambre, elle entre au Conservatoire Supérieur Royal de Liège dans la classe de Philippe Koch et obtient le Diplôme Supérieur de violon « avec grande distinction ». Elle travaille également avec Zoria Chickmoursaeva, professeur au Conservatoire Tchaïkowsky de Moscou, puis rencontre Igor Oïstrakh avec qui elle se perfectionne au Conservatoire de Bruxelles. Elle est lauréate de nombreux concours internationaux (Pierre Lantier, Claude Langevin, Vieuxtemps…). Elle se produit régulièrement en récital violon-piano ou avec orchestre. est soutenue par l'Association « Berthe Plantade » qui se donne pour mission de lancer les jeunes interprètes. Elle joue actuellement un violon Sylvestre Hypolitus, prêté par Monsieur Schmitt, luthier à Lyon.

Pour la sortie de son premier CD, nous propose un programme éclectique de sept œuvres où alternent des pièces du grand répertoire violonistique (Sarasate, Paganini, Ravel) et d'autres moins connues comme Rêveries et Caprices pour violon et piano op. 8 de Berlioz, œuvre de jeunesse dont les accents, proches encore de la romance, révèlent déjà l'envergure dramatique du grand génie français. On peut s'étonner du choix de la Sonate de Weber semblant bien peu « peser » face aux chefs d'œuvre du répertoire violon-piano.

La sonorité ample et généreuse de Marie Cantagrill s'impose dès les premières mesures des Airs bohémiens qu'elle aborde avec beaucoup d'aisance et d'ardeur chaleureuse. Enregistrée un an avant les six autres pièces, la gravure souffre malheureusement d'une très mauvaise prise de son du piano qui gâche considérablement l'audition, surtout en ce tout début de disque. Les choses s'arrangent fort heureusement par la suite — la qualité de l'enregistrement reste néanmoins très discutable — dans la Sonate de Weber, notamment, dont les deux interprètes savent tirer un parti intéressant, même si l'œuvre ne parvient pas à dépasser les limites d'un langage très conventionnel. Marie Cantagrill aborde le vingt-quatrième Caprice de Paganini avec le soutien du piano sans toutefois faire appel à l'accompagnement écrit par qui apportait ainsi son tribut à cette somme virtuose. Un égal brio, une sonorité lumineuse et une intensité soutenue nourrissent les variations que la jeune violoniste enchaîne avec une assurance étonnante. Si l'émotion est particulièrement présente dans la Méditation de Thaïs dont Marie Cantagrill nous donne une version irréprochable, sublimée par la sonorité veloutée de son très bel instrument, Tzigane de Ravel exigerait davantage de sobriété, de fidélité au texte pour ne pas verser dans un folklorisme étranger à l'univers de Ravel. Cherchant à tout prix le beau son, il semble que Marie Cantagrill en oublie le sens de la ligne, privilégiant l'effet au détriment du caractère. Telle aussi cette tension maintenue « à bout de doigts » et qui finit par lasser dans la rêverie de Henri Vieuxtemps, là où l'on attendait plus de diversité dans la couleur et le vibrato. Excès de jeunesse, sans doute, d'un tempérament plein d'ardeur qui révèle, dans ce répertoire sollicitant les qualités virtuoses et expressives de l'interprète, un métier solide et une âme de musicienne.

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