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Basilique et Légion d’honneur IV

Festival de Saint Denis

Le chef du Philharmonique de Radio France, fervent disciple de Messiaen, est un pianiste au jeu lumineux et élégant. En 2000 il était au piano pour le « Quatuor pour la fin du temps » de Messiaen. L'année dernière il offrait un magnifique « Quintette La Truite » de Schubert.

En prenant la direction du Philharmonique de Radio France, Chung a construit avec les musiciens une relation humaine faite de confiance, de respect, de partage et d'admiration. Il sait ce qu'il veut mais il laisse l'orchestre construire sa personnalité avec une incroyable liberté d'interprétation. Il libère les énergies, le talent de chaque musicien dont il fait un soliste à part entière avant de rapprocher chacun dans une même émotion. Il a une conception très subtile et très fine de la matière sonore pour qu'elle soit toujours vivante. Il conforte par son immense talent la rigueur, le professionnalisme et l'enthousiasme d'un très grand orchestre qui a su lier son destin à celui d'un chef qui les entraîne à la beauté et à la gloire.

Avant le Requiem de Mozart prévu pour le 24 juin, Chung est à la Légion d'Honneur où les excellents solistes du Philharmonique, en formation de quatuor pour flûtes et cordes, pour piano et cordes et en quintette à vents, l'entourent pour une musique de chambre mozartzienne de toute beauté.

Pour le Quatuor pour flûte et cordes, on perçoit le bonheur de l'ensemble piano-cordes, visiblement uni dans une même complicité musicale. Accompagnée par le violon lumineux d', l'alto profond de Christophe Gaugué et le violoncelle vibrant d'Eric Leviennois, la flûte de est caressante, alerte, légère, foisonnante et tendre.

C'est en 1784 que Mozart écrit le Quintette pour piano et vents en si bémol majeur, chef-d'oeuvre où l'équilibre entre les vents et le piano atteint la perfection. On est séduit par l'écriture harmonieuse et raffinée de l'œuvre. Que ce soit dans le premier mouvement où les instruments se rencontrent de façon un peu formelle que dans la beauté mélodique du second où les vents avec leur phrasé subtil et élégant sont mis en valeur par le piano discrètement virtuose de Chung. Et pour finir le troisième mouvement avec un piano vif, brillant, limpide et coloré qui s'approprie le pouvoir sans jamais effacer ses partenaires.

Le Quatuor pour piano et cordes semble avoir été écrit en 1785 quand Mozart a commencé à s'intéresser à cette forme de musique de chambre peu répandue. Il a alors l'intention de faire fusionner l'idée du concerto et celle du quatuor. Cela donne une alliance raffinée du drame et de l'introspection.

L'accord de Chung au piano avec les cordes témoigne de cette tension frissonnante voulue par Mozart, sur le chemin romantique de la passion et de la mélancolie. Le Rondo du troisième mouvement a donné lieu à un bis enlevé en beauté.

Tout au long de ce très beau concert empreint de générosité humaine et musicale, où le plaisir de jouer ensemble se reflétait dans les regards et les échanges des musiciens, le public a apprécié la sobriété de l'interprétation, la clarté du jeu, le phrasé élégant et le respect d'un texte musical sublime.

Crédit photographique : (c) DR

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