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IIIe Edition Résonances, Musique et technologie

Résonances, les rencontres internationales qu'organise chaque année l' pour la connaissance et la diffusion des technologies d'aujourd'hui appliquées à la composition, débutait Mercredi 13 Octobre par un concert donné par l' dans la grande salle du centre Pompidou. Pendant une dizaine de jours, rencontres, forums avec les compositeurs, conférences, soirées thématiques, ateliers-concert, installations sonores vont solliciter professionnels de la musique et scientifiques pour une approche des outils de composition et une réflexion approfondie sur le travail du son de la part des principaux acteurs de l'Institut. Deux journées Portes ouvertes, les Samedi 16 et Dimanche 17 Octobre permettent au grand public d'accéder aux laboratoires des chercheurs, aux studios de travail et à la médiathèque de l'. Deux concerts Cursus feront entendre les réalisations des stagiaires de composition/informatique à l'issue de l'année de travail passée au côté de leur professeur .

Contre toute attente, le concert inaugural ne mettait pas particulièrement en valeur la technologie qui ne se manifesta que dans la pièce de Michael Jarrel, Drobenschmettert ein greller Stein (2001) pour ensemble instrumental et contrebasse solo amplifiée. Réalisée à l'Ircam en collaboration avec Gilbert Nouno, technicien et assistant musical, l'œuvre du compositeur suisse (Genève, 1958), réclamant un somptueux dispositif de percussions situé de part et d'autre du chef, exploite les potentialités sonores et les projections spatiales du pizzicato harmonique, un mode de jeu particulier obtenu sur la contrebasse, point focal des sources sonores mises en œuvre. Ce travail en profondeur sur le spectre, déployant l'éventail extrêmement riche de ses partiels, confère à l'œuvre une dimension apollinienne qui, dans un temps très étal, nous laisse apprécier la richesse des textures et l'éclat des couleurs répercutées dans l'espace.

Au début et à la fin de ce concert figuraient deux pièces de Georges Friedrich Haas, compositeur autrichien né en 1953 qui enseigne actuellement l'écriture et les techniques de composition contemporaine à l'Université de musique de Graz. « …Einklang freier Wesen… » (1994-1996), écrit pour l'ensemble de solistes du Klangform Wien, tend vers une écriture micropolyphonique de manière à obtenir au sein de l'ensemble « dix lignes autonomes, existant individuellement mais reliées les unes aux autres ». Dans des couleurs sombres, l'œuvre un rien didactique emprunte diverses trajectoires instrumentales suscitant de constantes métamorphoses de la matière sonore allant de la trame granuleuse cinglée de déchirures à la transparence et la fluidité des lignes instrumentales.

Monodie (1998-1999) pour orchestre de chambre fait valoir un travail de texture au sein des pupitres très solidaires qui se relaient sans cesse pour entretenir le continuum sonore. La deuxième partie, plus colorée, nous entraîne jusqu'aux rivages de la tonalité avant d'opérer une ascension vertigineuse menée par les cordes dans l'extrême aigu de leur sonorité.

Beaucoup plus personnelle et aventurière, sous-tendue par un projet poétique qui la galvanise, Ganesha, œuvre pour percussion solo et ensemble de Philippe Schœller (1958) était donnée ce soir en création mondiale par Michel Cerutti et l'. Personnage issu de la légende du Mahabharata, Ganesha est un demi dieu de l'Inde que sa mère Parvati créa seule, avec un peu de terre spéciale, du safran et de la rosée… « Plus concertiste que concertant » comme le précise le compositeur, le soliste, au vibraphone d'abord, concentre sur lui toute la force énergétique de l'œuvre que viennent tempérer les échos des autres instruments tissant une toile de fond tout en finesse. Le phénomène est accusé par le passage du feu des métaux à la frénésie quasi sauvage des peaux très tendus comme les bongos et les congas sur lesquels Schœller veut retrouver la virtuosité digitale des tablas : dérive rythmique de l'ensemble instrumental qui apporte ici son tribu aux éclats bachiques de la transe finale. Coup de chapeau aux deux solistes de l' – dont il faut saluer l'extraordinaire maîtrise du geste – et à leur chef Zsolt Nagy dont le calme imperturbable n'altère en rien la précision et l'efficacité de la direction.

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