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Beethoven en mal de révolution romantique

Le , relativement méconnu en France et en Belgique, ses concerts y étant fort rares, jouit d'une excellente réputation dans le monde germanique et en Amérique du Nord, y recevant des invitations prestigieuses : Carnegie Hall, Philharmonie de Cologne, Concertgebouw d'Amsterdam, Festivals de Salzbourg, de Bonn, … Parmi ses nombreux enregistrements chez CPO et chez Tacet, on trouve les intégrales Schubert, Bartok et Schumann et des disques consacrés à Wolf, Britten ou Mendelssohn, … Qu'ils décident de s'attaquer à cet Himalaya discographique que représentent les quatuors de Beethoven est logique, et bien que leur discographie soit d'une richesse exceptionnelle, entre les quatuors Vegh, Alban Berg, Talich, Italiano et tant d'autres, on leur fera une petite place pas loin de toutes ces grandes versions.

Leurs atouts ne sont pas minces, à commencer par une très grande maîtrise technique, une mise en place parfaite, assurant une grande lisibilité à chaque partie, et une sonorité de toute beauté, douce et lumineuse. La vitalité de l'interprétation, son énergie souriante, sa simplicité bonhomme font de ces disques de grands moments de détente et de bonheur. Parmi les meilleurs pages de cet album, on retiendra entre autres le scherzo du quatuor opus 18 n°1, joué avec malice et esprit, le premier mouvement du n°3, impérieux et volontaire, et dans l'allegro con brio du n°6, le rebond permanent et la souplesse du discours qui font merveille.

Une réserve tout de même, si cette approche chantante et d'une sagesse de bon aloi met bien en valeur l'incontestable influence de Haydn dans la composition de ces quatuors, elle gomme un peu la foncière originalité de Beethoven, qui avait quand même plus de trente ans quand il écrivit cet opus 18. Les Auryn, dans cet enregistrement, le jouent un peu trop comme un élève de Haydn, et pas assez comme le révolutionnaire qui devrait pourtant transparaître à chaque fois qu'on joue une note de sa musique. Pour résumer, on dira que ce disque aux qualités instrumentales et techniques indéniables manque un peu de la flamme qui distingue les plus grandes interprétations beethovéniennes.

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