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Paul McCreesh en tournée européenne

Le Kammerorchester de Bâle, sous la conduite de Paul MacCreesh, un de ses chefs titulaires, a débuté par le Théâtre Royal de Namur une mini-tournée européenne, qui doit le conduire au Concertgebouw d'Amsterdam et au Birmingham Symphony Hall, preuve qu'à Namur après Claire Marie LeGuay et le Quatuor Hagen, ou avant , on a le don pour attirer des artistes prestigieux.

Le concert commence par la Valse triste de Sibelius, agréable échauffement. Dans le concerto pour violoncelle de , impressionne par la dimension physique qu'il donne à son jeu. En parfaite entente avec MacCreesh, accompagnateur attentif, il insiste sur le rythme et sur l'énergie à donner à la partition, et va glorieusement au bout de la très longue cadence, qu'il termine dans un état proche de la transe. Un bémol toutefois, si l'investissement passionné dont fait preuve lors de ses concerts est tout à fait louable, il le conduit un peu trop souvent à fredonner plus que de raison, et même à grogner lorsqu'il joue, ce qui a pour effet de troubler la concentration du public. A souligner dans ce concerto : l'exceptionnelle prestation du cor solo dont le dialogue avec le violoncelliste atteint des hauteurs rarement atteintes. Wispelwey le félicitera d'ailleurs tout particulièrement lors des saluts.

La symphonie n°7 de Beethoven qui conclut ce concert se révèle nettement plus problématique. Après un Poco sostenuto d'introduction cru et sans mystère, le vivace est pris dans un tempo précipité qui se révèle plus velléitaire que véritablement énergique. Sautillant, Paul MacCreesh donne l'impression de survoler la Symphonie Pastorale plutôt que de diriger la Septième, et on remarque déjà ce qui se vérifiera tout le long de l'œuvre, l'absence quasi-totale de tout phrasé un peu original. Les choses s'arrangent cependant après la reprise, qui manifeste plus de tension et de nerf, et la coda, sans être inoubliable, est nettement plus tendue et convainc par son caractère impérieux. Le deuxième mouvement peut sembler froid et clinique, mais en s'interdisant tout épanchement, il se révèle en fait blafard et désespéré, et au moins dans ce mouvement MacCreesh prend un parti, et exprime une mélancolie désabusée finalement assez intéressante. Le scherzo retombe malheureusement dans les travers de la rapidité à tout prix, le trio est banal, sans flamme et sans énergie, et la fin du mouvement, qui devrait être abrupte et surprenante, est comme expédiée avec indifférence. Le finale se transforme lui aussi en une course de vitesse mais résiste mieux à ce traitement malgré l'absence de véritable jubilation, et c'est un orchestre essoufflé, mais visiblement heureux d'avoir réussi l'exploit de suivre la cadence infernale imposée par le chef britannique qui peut recevoir les applaudissements enflammés du public namurois.

Ces applaudissements vaudront un bis aux auditeurs : la même très belle Valse triste qui ouvrait le concert, légère, transparente et un rien ironique. L'orchestre réalise tout au long du concert une assez belle prestation, outre la qualité déjà évoquée des cornistes, on soulignera les belles interventions de la petite harmonie, flûtistes remarquables, et la discipline d'ensemble des cordes, qui souffrent toutefois d'une sonorité assez impersonnelle. En conclusion, un concert alléchant, mais qui ne tient pas toutes ses promesses par la faute d'une symphonie de Beethoven peu impliquée. On ressort de la salle avec l'impression désolée qu'il ne s'en est pas fallu de grand chose pour que ce concert soit inoubliable.

Crédit photographique : © DR

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