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Hélène Couvert, l’essoufflement de la fin

Dans le cadre du « Jeudi des pianistes », L'Archipel recevait ce jeudi 7 Avril la jeune pianiste dans un programme mêlant répertoire classique et contemporain ; Haydn et Beethoven – qu'elle vient d'enregistrer chez Zig Zag Territoire – voisinaient en effet avec Ligeti, un Ligeti de la première manière, certes, puisque la Musica Ricercata appartient à la période hongroise du compositeur, celle où commence à émerger un style singulier.

Dans le lieu un peu confiné d'une salle de cinéma équipée pour l'occasion d'un grand piano de concert, il incombait à l'interprète de créer un climat d'écoute qui puisse plus sûrement nous transporter dans la sphère musicale. C'est ce que fit admirablement en abordant la sonate en do mineur de Haydn avec la souplesse et l'expressivité d'un phrasé qui peut surprendre au premier abord s'agissant du maître du classicisme viennois. Mais cette approche pré-romantique allait être aussitôt contredite par un deuxième thème où dominaient la précision du trait et la vitalité rythmique propres à Haydn. On put apprécier durant les trois mouvements de la sonate l'élan qui dynamise le jeu de l'interprète et le juste dosage des sonorités qu'elle obtint pour préserver une certaine intimité de ton.

Haute en couleurs, Musica Ricercata de Ligeti, composée en 1951-1953, mit en valeur le tempérament de la pianiste et les qualités de sa palette sonore. Faisant alterner des pièces courtes et très contrastées, l'œuvre renouvelle sans cesse le geste instrumental qu' conduit avec beaucoup de fermeté.

La deuxième partie du concert débutait par la Sonate « 1905 » de Leos Janacek, compositeur tchèque dont l'écriture originale emprunte au langage parlé ses cellules mélodiques et rythmiques de base. Hélène Couvert en restitue la couleur et le climat poétique avec un legato admirable et une sensibilité à fleur de peau. On s'étonnera par contre du manque de rigueur et de concentration dont souffrit l'interprétation de la sonate en la majeur opus 2 n°1 de Beethoven où les « accrocs » et trous de mémoire répétitifs finirent par en gâcher l'écoute! Fatigue et lassitude sans doute puisque la pianiste n'offrit en bis qu'une des pièces de la Musica ricercata, renvoyant d'une manière un peu désinvolte l'auditoire dans ses pénates.

Crédit photographique : © Laure Vasconi

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