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La force de Dindo

avait laissé un souvenir ébloui d'une Première symphonie de Brahms volcanique, d'où quelques réticences en se rendant à ce concert. Le jeune chef italien se montrerait-il à la hauteur des espérances, les attentes n'allaient-elles pas être déçues ?

De fait, l'introduction orchestrale du Concerto de Dvorák ne montrait pas le même enthousiasme ni la même énergie. Phrasés larges, un peu inertes, dans une approche très ouvertement romantique, mais sans l'effervescence rythmique qu'y mettent les interprète tchèques. L'entrée du violoncelle, elle, combla les désirs. Aucune surcharge expressive, aucune lourdeur – ces premières mesures s'y prêtent malheureusement parfois – mais un ton mesuré, aristocratique même. Et, après un épisode central qui vit le magnifique dialogue de ce violoncelle altier et de la flûte ductile de , Noseda avait retrouvé sa vigueur coutumière. L'Adagio ma non troppo bénéficiait d'ailleurs des couleurs claires et de l'expressivité chaleureuse des bois du Capitole – malgré un basson parfois un peu indiscret – qui lui donnaient sa saveur mélancolique et frémissante. Le final retrouvait enfin une vrai « pêche » dynamique, et la grande netteté rythmique demandée par la musique de Dvorák.

Les qualités de l'orchestre ont cependant moins retenu l'attention que la révélation . Elève d'Antonio Janigro, lauréat du Concours Mstislav Rostropovitch, ancien premier violoncelle de l'orchestre de la Scala, Dindo séduit avant tout par la beauté d'une sonorité jamais poussée, d'un jeu toujours fluide, à la parfaite précision d'intonation et de rythme, et, par-dessus tout, par ce naturel d'interprétation qui est la vraie marque de l'élégance. Au risque de se répéter, il faut dire combien l'évidence d'une interprétation qui paraît toujours juste dans ses choix, toujours logique dans son déroulement, parfaitement maîtrisée dans sa progression narrative est autrement impressionnante que la seule démonstration de virtuosité extérieure.

L'enthousiasme est descendu d'un bon cran avec une exécution sans magie d'Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss. Déjà, l'attaque passablement hétérogène des trompettes dans l'introduction soulevait quelques inquiétudes, aggravées par un timbalier déchaîné. Bref, poussé dans ses retranchements par une direction certes énergique mais sans finesse, l'orchestre y est allé assez carrément dans le débraillé. Cherchant la puissance, semble être passé à côté d'une œuvre qui peut vite sombrer dans la vulgarité si l'on n'en exalte que les aspects les plus démonstratifs, et les passages moins dramatiques devenaient de longs tunnels entre deux explosions cuivrées.

Bref, une œuvre qui ne semblait convenir ni au chef ni à l'orchestre. Il faut bien dire que, malgré la plus grande admiration pour Richard Strauss, Zarathoustra ne compte peut-être pas au rang de ses œuvres les plus impérissables, et que l'on aurait été heureux d'entendre plutôt quelques-uns des superbes poèmes symphoniques composés par Dvorák sur des ballades de Erben – L'Ondin ; La Sorcière de Midi ; Le Rouet d'or ; La Colombe sauvage – qui auraient constitué un complément de programme mieux venu au Concerto pour violoncelle et où les musiciens et leur chef auraient sans doute montré plus d'aisance.

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