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William Forsythe, Danse au kunstenfestivaldesarts

Artiste en perpétuelle recherche depuis ses débuts de chorégraphe au Ballet Frankfurt, attire un public toujours nombreux et particulièrement bigarré qui allie les inconditionnels de l'avant-garde et les esthètes du ballet curieux des réalisations de ce diable d'homme qui ne saurait se satisfaire de superficialité et de simplification.

En dépit d'un horaire hybride de fin d'après midi, le récent théâtre national de la Communauté française Wallonie-Bruxelles est bondé et toutes les demandes de places n'ont pu être satisfaites. L'événement est important puisque la nouvelle création de cette nouvelle compagnie passe seulement par Francfort, Dresde et Bruxelles.

Pour cette réalisation, l'Américain nous arrive avec un groupe ultra-virtuose de 18 danseurs issus du ballet de Francfort (supprimé en 2004 pour des raisons budgétaires) que l'artiste dirigea pendant près de 20 ans. Cette nouvelle structure est financée par les Etats de Hesse, de Saxe, ainsi que par les villes de Francfort et de Dresde. Le travail de Forsythe se situe aux limites de la danse, plus proche de l'installation et de la sculpture que de l'esthétique du ballet. Intitulé « Three Atmospheric Studies », cette création est envisagée en étroite collaboration avec l'artiste new-yorkais Spencer Fisch. Ces trois courtes pièces tirent leurs idées de tableaux de Turner et de Cranach ainsi que du spectre de Newton. Sur une scène de 21 mètres de profondeur et dans un décor lisse uniformément gris, les danseurs évoluent sous des néons colorés qui balayent la scène. La première pièce, dansée successivement par des danseurs en solo, duo, trio puis tous ensemble et dans un silence rythmé par les récits multilingues et disparates des danseurs, est d'une fascinante ascèse avec des éclats de violence renforcés par la tension née des récits sans concession. Certaines images sont saisissantes : à l'appel d'un danseur-speaker, les artistes se laissent tomber par terre, rampent, puis courent à travers l'espace, seulement interrompu par les flashs des néons. Si la seconde pièce apparaît moins élaborée et un peu trop statique quant à l'utilisation de l'espace, la dernière est une débauche d'énergie qui laisse le spectateur collé à son fauteuil. Sans sons si ce n'est les explications d'un danseur sur un tableau, et des bruits d'orage, ce final fait exploser la technicité des artistes qui se jettent sur les murs, courent, rampent, sautent…Un temps sidéré par cette création, le public réagit d'abord calmement avant de réserver un triomphe à la Forsythe company et à son maître.

Crédit photographique : © Monia Montali-Académie Anderlecht

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