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Le violoncelle sublimé de Sol Gabetta

51e Festival de Divonne

La 51e édition du Festival de Divonne vient de fermer ses portes. Sa dizaine de concerts répartis sur deux semaines ont tous affiché complets. Certains concerts, comme celui des frères Renaud et Gautier Capuçon étaient complets avant même que leur annonce soit officialisée. Dans un théâtre de deux cents places, les retardataires se retrouvent vite bec dans l'eau. Le succès du plus grand des petits festivals de musique de chambre doit beaucoup au goût et à la profonde connaissance de la musique de chambre de Jean Auberson, son directeur artistique.

Dans un concert matinal et dominical, la violoncelliste argentine offrait un récital très attendu du public dans la mesure où il avait envie d'entendre celle qu'on n'hésite plus à comparer à la légendaire . Mais si l'art de l'instrument semble avoir bien évolué depuis que la violoncelliste britannique déclenchait les bravos, il faut reconnaître à une identique symbiose de l'instrument et de la personne. Si comparaison n'est pas raison, on peut situer le jeu de la jeune violoncelliste argentine comme une combinaison de ceux d'illustres prédécesseurs. Abordant la sonate « Arpeggione » de Schubert, elle ose prendre le risque de la comparaison. Mais rien ne semble effrayer la jeune interprète. Ainsi, dès les premières notes, on retrouve à la fois la plénitude du son d'un et la subtilité du phrasé et la justesse d'un Pierre Fournier. A peine effleurée la première corde de son instrument, on sait qu'elle est le « maître » du plateau. Une autorité musicale d'une troublante évidence chez une interprète de 23 ans, qu'on retrouvera, plus évidente encore, dans la Pampeana n° 2 pour violoncelle et piano de Ginastera. fait totalement sienne l'œuvre de son illustre compatriote même si l'ombre du violoncelle d'Aurora Natola-Ginastera continue de planer sur les œuvres du compositeur argentin.

Jouissant de l'excellent accompagnement du pianiste norvégien , la prestation de la jeune violoncelliste tranchait avec les deux interventions de son accompagnateur. Comme frustré du succès de « sa » soliste, il s'est lancé dans deux œuvres hautement techniques qu'il a maîtrisé avec une virtuosité étonnante. Malheureusement, à trop vouloir montrer son époustouflante technique instrumentale, il semble avoir oublié la simple musique des œuvres. De Chopin comme d'Albéniz, il n'a malheureusement laissé que les notes. Dommage, son piano d'accompagnateur était si beau, que ne l'a-t-il gardé pour ses interventions de soliste?

Crédit photographique : © DR

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