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Marielle Nordmann & Pascal Gallois, tradition et contrastes

Festival Pablo Casals du 26 VII au 14 VIII

Pour sa cinquante quatrième édition, le Festival Pablo Casals de Prades retrouvait ce mardi 26 Juillet son cadre et son acoustique privilégiés sous les voûtes de l'Abbaye de Saint Michel de Cuxa où l'on entendra chaque soir et pendant plus de quinze jours les plus grands interprètes de notre temps conjuguant leur activité de concertiste à celle de pédagogue dans le cadre de l'Académie européenne de musique. Le public est également convié aux concerts de 18 heures dans les églises, prieurés et hauts lieux du patrimoine culturel de la région. Comme le précise son directeur artistique Michel Lethiec, la programmation tente de concilier les œuvres de la tradition et celles de notre temps – tradition et contrastes – en invitant lors de conférences-rencontres des compositeurs comme Aulis Salinen, finlandais (1935), Christobald Hallfter, espagnol (1930), Krysztof Penderecki, polonais (1933), Anatolijus Senderovas, lituanien (1945) et Thorsten Hencke, allemand qui donnera en création mondiale son trio pour clarinette, violoncelle et piano primé lors du premier concours international de composition organisé à Prades en Avril dernier. Le concert d'ouverture était précédé par le vernissage de l'exposition du photographe praguois Jiri Vsetecka, Prague et la Musique que le public pourra découvrir pendant tout le Festival.

Il est de tradition à Prades d'inviter un orchestre pour lancer la série des concerts de musique de chambre à l'Abbaye. Nous découvrions hier l'excellent Orchestre de Chambre de Finlande dirigé par , flûtiste de renommée internationale qui en est le chef permanent depuis deux ans. Il est toujours intéressant d'entendre un ensemble jouer « dans son arbre généalogique » et le Pelléas et Mélisande de Sibélius qui débutait le concert nous fit apprécier la couleur chaleureuse des cordes et le ton, plus sentimental que dramatique d'ailleurs, qui se dégage de cette suite orchestrale. La mort de Mélisande qui sera reprise en bis est un Lamento poignant en demi-teinte laissant chanter une mélopée modale très épurée. Avec le concerto pour flûte et harpe de Mozart, – aux côtés de – relevait le double défi du soliste et du chef, position rendue plus périlleuse encore par la présence du co-soliste. L'équilibre sonore du premier mouvement en a certainement souffert, jouant une flûte en bois qui était parfois « couverte » par les résonances de la harpe. Si l'on put goûter cette merveilleuse connivence entre les deux artistes dans l'andantino – précédant le rondo final – où s'instaura un climat beaucoup plus propice à la poésie mozartienne, il reste toujours difficile pour un seul homme de conjuguer l'énergie du soliste et celle du chef sans que le confort d'écoute de l'auditeur n'en soit un peu perturbé.

Le concert se terminait par l'interprétation de la symphonie n°1 de Beethoven dont Patrick Gallois fit particulièrement ressortir le côté haydnien de l'articulation et les finesses d'écriture du maître de Bonn. En retrouvant en bis Sibélius et l'immanquable charme de sa Valse triste, on peut regretter que l'orchestre n'ait pas davantage creusé un répertoire national qui nous aurait écarté des sentiers un peu trop battus.

Crédits photographiques : © Sabine Jönsson

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