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Alexandre Tharaud & Zhu Xiao Mei, l’idéal Schubertien

Rien de plus idéal qu'un concert à l'Orangerie de Sceaux pour amortir le choc d'un retour dans la capitale après des vacances riches en festivals, et oublier un moment que le tumulte parisien, endormi tout l'été, va reprendre son cours. Les mélomanes auront encore le plaisir, jusqu'au 18 septembre, de pouvoir s'évader tous les week-ends au Parc de Sceaux, avec comme chaque année de très belles affiches.

Le public aura pu admirer cette fois-ci et , à quatre mains dans un programme centré essentiellement sur Schubert. Les pianistes avaient déjà eu l'occasion d'enregistrer ensemble un disque dédié à Schubert en 2003 pour Harmonia Mundi et leur travail avait été salué unanimement par la critique. Professeur au CNSM de Paris, , issu d'une famille d'artistes de Shanghai, a fait de brillantes études à l'École Nationale de Musique, interrompues par les années de la Révolution Culturelle, dont cinq passées dans un camp de travail où elle réussit à travailler le piano en cachette. Elle quitte la Chine en 1979 pour les États-Unis puis se fixe en 1985 à Paris. Elle joue partout en France, en Europe, Amérique du Sud et se déplace même jusqu'en Australie. , après avoir obtenu un Premier Prix du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, est lauréat de plusieurs concours internationaux prestigieux. Ses disques, en particulier consacrés à Rameau et Ravel, ont eu des succès retentissants. Soliste des grands orchestres français, il consacre une grande partie de son activité à la musique de chambre.

En ouverture, le grand Rondeau D. 951. Cette dernière pièce à quatre mains composée par Schubert, conclut l'admirable trilogie dont la Fantaisie en fa mineur et l'Allegro en la mineur constituent les deux premiers volets. et jouent à merveille dans un climat de grande sérénité, de paix intérieure retrouvée. Succède le Divertissement à la hongroise D. 818, en trois mouvements, qui doit sa célébrité à son final très inspiré en forme de rondo. L'œuvre, en clair-obscur typiquement Schubertien, captive par sa richesse d'imagination. Changement de compositeur, mais toujours la même élégance, avec les Valses op. 39 de Johannes Brahms. Inspirées par les Danses de Schubert, ces œuvres très simples, conçues dans le même esprit, furent toutes composées entre 1856 et 1866. Dans une grande complicité, le duo comble d'émotions l'auditoire dans une douce atmosphère amicale.

En clôture de ce concert, la Fantaisie en fa mineurde Schubert, une des plus belles œuvres écrites pour quatre mains, que le compositeur travailla longuement entre janvier et avril 1828. Le jeu des pianistes, contrasté et très coloré, correspond magnifiquement à l'univers poignant et fragile de l'œuvre. Ce récital, vécu quasiment comme un rêve, confirme le talent de cette union parfaite qui sait servir à merveille l'art Schubertien. Le jeu des interprètes, admirable de naturel, de sérénité et de simplicité, la variété des sentiments, ne pouvaient que satisfaire pleinement les oreilles des auditeurs. Ce fut un réel moment de grâce.

Crédit photographique : © DR

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