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Mikhail Pletnev joue Tchaïkovski

Mikhail Pletnev s'impose au fil de ses disques comme l'un des pianistes les plus importants de sa génération. Si sa carrière de chef d'orchestre peine à décoller, ses enregistrements pianistiques marquent l'auditeur par la profondeur de l'approche et les choix du répertoire ; ainsi son album CPE Bach et son disque Ravel-Prokofiev avec Martha Argerich ne doivent pas quitter la platine du mélomane avisé.

L'œuvre pour piano de Tchaïkovski s'avère particulièrement rare en dehors du premier concerto et du cycle des saisons. C'est amèrement dommage car le catalogue est imposant et le niveau d'inspiration du grand maître toujours égal à lui-même. Le cycle des 18 morceaux pour piano op. 72 de 1893 est la dernière réalisation du compositeur pour le piano, et l'une des toutes dernières partitions de l'artiste qui devait disparaître au cours de cette année. Ces pièces dont chacune dure à peine cinq minutes, présentent des climats variés qui rendent parfois hommage à Schumann et à Chopin. Le compositeur y recycle des idées destinées à d'autres œuvres comme un « scherzo fantaisie » qui était à l'origine envisagé pour une Symphonie en mi bémol majeur. Partition testamentaire brillante ou exercice de style, les avis sur les 18 pièces ne sont pas tranchés. Le point de vue du compositeur sur sa partition est mitigé, tantôt il lui reproche d'être de la musique « pour l'argent », un autre jour il la compare à une « crêpe musicale ». y trouve les idées géniales d'un compositeur au sommet de son art.

Donner une unité à ce cycle disparate est très délicat, mais Pletnev réussit à se fondre dans l'esprit de chaque pièce. Avec une technique brillante et assurée, il se joue des nombreuses difficultés de la partition. La prestation est d'autant plus marquante qu'il s'agit d'un enregistrement en concert. Devant le grand succès public, Pletnev nous offre en bis le vingtième nocturne de Chopin. La prise de son est soignée et donne une image claire et chaleureuse du piano. On peut tout de même regretter l'indigence du texte de présentation qui mêle conversation et présentation des œuvres sur fond de comparaisons avec Arturo Benedetti Michelangeli et Roger Federer.

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