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A Lille, Mahler est chez lui

Début de saison lilloise

Pour le début de la saison d'abonnement de l' dans son port d'attache du Nouveau Siècle, a choisi un programme assez court, couplant Prélude et Mort d'Isolde de Wagner au Chant de la terre de . Ce programme a été donné également au Festival de Laon et à la Cité de la Musique à Paris.

Le prélude de Tristan par Casadesus, austère, d'une beauté distante et anguleuse, refuse tout effet de manche et tout sentimentalisme trop appuyé. Le tissu orchestral est transparent, laissant entendre chaque détail, avec des cordes à la luminosité assez froide, et des bois fins et tranchants. A ce Wagner assez aride succède un Chant de la terre aux phrasés chaleureux, à la rythmique souple et aux couleurs vives. Cette direction luxuriante de donne des ailes à un héroïque dans les déchaînements du premier lied. La voix est solide et bien projetée, et l'aigu claironne avec puissance et éclat. La souplesse et les demi-teintes de son deuxième lied, Von der Jugend, lui échappent quelque peu, la voix est raide et fruste, et il aboie plus qu'il ne chante. Il se reprend bien dans L'ivrogne au printemps, son dernier lied, dans lequel ses manières vocales assez débraillées et sa puissance fonctionnent à merveille.

Après une Résurrection qui l'avait montrée très banale à Bruxelles, on retrouve une Birgit Remmert largement plus intéressante dans les trois lieder pour alto du Chant de la Terre. La voix n'est pas de première fraîcheur : timbre abîmé, aigus sourds, vibrato instable, mais elle conserve un grave assez opulent et un legato séduisant et naturel. C'est naturellement dans der Abschied qu'on l'attend le plus, elle s'y montre tendre et pudique, d'une douceur crépusculaire.

est chez lui dans Mahler (plusieurs disques de fort bon niveau en témoignent chez Forlane), il dirige ce Lied von der Erde avec poésie et raffinement, en faisant une véritable fête des sons, tombant cependant dans un certain maniérisme dans Von der Schönheit qui confond joliesse et beauté. La partie centrale du dernier lied est par contre une réussite totale : la chanteuse s'y tait, laissant place aux instrumentistes. Casadesus et ses musiciens font de cet épisode un fascinant concerto pour instruments à vent et orchestre, la flûtiste Chrystel Delaval et le hautboïste Philippe Cousu notamment, se hissant sur des sommets de beauté.

Crédit photographique : (c) DR

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