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Othmar « m’a tuer »

Tout amateur de raretés chambristes ne pourra qu'être attiré par le programme préparé avec soin par Claves et consacré aux trois Sonates pour violon et piano d' (1886-1957). Du compositeur aux interprètes en passant par le label, tout est garanti d'origine suisse. Le sérieux de la réalisation est assuré ; quant au plaisir c'est une autre affaire.

Othmar Schœck, auteur de huit opéras et de cycles de lieder qui ont fait sa réputation, s'est perfectionné auprès de Max Reger, à Leipzig. Il semble en avoir été durablement marqué, épousant le même style rigoureux où l'attrait essentiel réside apparemment dans le plaisir de combiner des figures musicales. De la Sonate op. 16, composée en 1908 et dédiée à la violoniste Stefi Geyer pour laquelle Schœck avait des sentiments plus qu'amicaux – du reste non partagés – le compositeur avait confié : « La pièce démontre que j'étais déjà appliqué très jeune à conduire les voix de manière indépendante ». On le voit, les amateurs de révélations brûlantes en seront pour leurs frais. Si on peut comprendre que le musicien trouvait une forme d'épanouissement dans ce jeu cérébral, peu de mélomanes s'en satisferont. Alors que la Sonate op. 16, écrite par un jeune homme supposément passionné ne distille qu'un flux musical tiède, le jeu combinatoire se complexifie et s'assèche dans la Sonate en ré majeur (1905, révisée en 1952), jusqu'à devenir exaspérant dans la Sonate de 1931. L'interprétation probe mais sans relief particulier porte le coup fatal – certes non prémédité – à l'intérêt de l'auditeur.

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