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Anton Bruckner, première étape pour Martin Haselböck

Les symphonies de Bruckner sur instruments d'époque commencent à devenir de plus en plus nombreuses. Il y eut en 1995 le précurseur britannique Roger Norrington, qui enregistra une Symphonie n°3 qui n'avait convaincu personne. Philippe Herreweghe est occupé au concert depuis plusieurs années à un cycle de belle tenue, dont la Symphonie n°7 est parue chez Harmonia Mundi (lire la chronique de Bernard Halter). C'est maintenant au tour des autrichiens de la Wiener Akademie, conduits par de se lancer dans la danse, de manière intelligente, car au lieu de s'attaquer d'emblée à un « monstre » à la discographie surchargée de références, ils ont choisi la « petite » Symphonie n°1, une œuvre de jeunesse qu'on trouve plus souvent dans une intégrale qu'en disque séparé, mis qui, par son audace formelle et la majesté de ses thèmes est déjà typiquement brucknérienne.

A la première écoute, ce disque est une grande surprise car on entend un Bruckner vif et sanguin, altier et léger, au souffle puissant, aux textures aérées et aux saveurs fraîches. Rarement cette symphonie aura été rendue avec cette souplesse, ces sonorités brillantes, bénéficiant au maximum, et nettement plus que chez Herreweghe, de la saveur spécifique des instruments anciens. Le problème est que passé le choc de la première audition, ce disque laisse deviner un orchestre pas très bien préparé, au niveau assez fluctuant, avec des vents oscillant entre le très bon, une flûte superbe dans le premier mouvement, et le médiocre, un solo de hautbois franchement raté dans l'Adagio, des cuivres aux attaques pas toujours très franches, et des cordes aux sonorités brillantes mais à l'homogénéité contestable, comme une tapisserie dont la trame lâcherait. En matière de fini orchestral, force est de constater que l'Orchestre des Champs Elysées est une classe au-dessus de la Wiener Akademie.

Un disque vivifiant, qu'on écoutera souvent, mais qui n'est encore qu'une demie réussite. Il reste à espérer que la Wiener Akademie, si ce cycle se poursuit, réalisera les progrès nécessaires en matière de jeu collectif et d'homogénéité, car la musique de Bruckner est un révélateur impitoyable de toute faiblesse orchestrale.

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