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« Nord-allemand ? – Noch einmal ! »

NDR Sinfonieorchester de Hambourg,

Si l'on en croit l'affluence que connaît l'auditorium pour cette soirée symphonique, preuve est une nouvelle fois donnée de l'étrange fascination qu'exercent, sur le public dijonnais, les orchestres allemands. Il est vrai que celui-ci n'est pas des moindres : rien moins que l'instrument, un temps (béni?), des Klaus Tennstedt ou Günther Wand, avec aujourd'hui, à sa tête, cette autre grande figure de la baguette que représente .

Quatre jours plus tôt, au Châtelet, le NDR Hambourg et son chef proposaient cette même symphonie n° 7 de Bruckner mais avec le Divertimento pour cordes de Bartók en entrée, en lieu et place de la symphonie Haffner de Mozart…réservée à la province (?) qu'il ne faut peut-être pas effaroucher…? Le Dijonnais ne s'en formalisera cependant pas ; au moins pour trois raisons : l'habitude est prise, ici, depuis la venue de l'Orchestre symphonique de la Radio de Sarrebrück l'an dernier, de goûter Mozart avant un Bruckner « de résistance » ; et puis n'est-ce pas ainsi comme une avant-première de ce deux cent cinquantenaire Wolfgang-Amadeus? (dont on n'a pas fini d'entendre parler), et enfin on aime bien Mozart, à Dijon, depuis (paraît-il) ce fameux « grand concert » qu'il y donna, « dans les salons de l'Hôtel de Ville », un certain soir de juillet 1766…

Va donc pour la symphonie n° 35, même s'il s'agit d'une des plus jouées du répertoire « classique ». La direction est légère, l'orchestre l'est un peu moins, particulièrement dans l'Allegro initial et – surtout – l'Andante où l'on perçoit quelque lourdeur des basses (léger décalage, et par deux fois, dans l'Alberti des fagott accompagnant les violons). Fort heureusement, la cohésion est infiniment plus satisfaisante dans le Menuet, auquel la partition confère un caractère très Divertimento, le Trio étant joué avec une plaisante tendresse, de même que dans le Finale, brillamment enlevé.

Comme la Haffner de Mozart, la 7e des neuf symphonies de Bruckner est sans doute (avec la n° 4) la plus jouée, la plus « populaire » aussi, si tant est qu'on puisse accorder ce qualificatif (et particulièrement en France) à une œuvre de ce compositeur. Mais l'incomparable Adagio (qu'en cette année 1882, le pressentiment de la mort de Wagner semble avoir inspiré à Bruckner), l'absence de référence théologique ou d'intention métaphysique (comme dans la Romantique n° 4, autre succès brucknérien) font que l'œuvre « passe » généralement mieux que les autres. Et n'en déplaise aux railleurs, la « symphonie aux trémolos », ainsi qu'elle est parfois désignée, cette symphonie-là émeut, et ce dès les premières mesures, quand, sur le long trémolo des violons, s'élève aux violoncelles et aux cors, élégiaque, le premier thème.

Elle pourrait, certes, émouvoir davantage, par des contrastes de dynamique plus accusés et si Dohnányi s'attardait davantage sur ces thèmes ineffables. Ce serait encore plus souhaitable dans le fameux (à juste titre) Adagio, dans lequel, en dépit de sonorités pleinement idéales (Ah! Ces cuivres délicieusement « nibelungo-parsifaliens »!), on songe avec nostalgie aux tempi d'un Jochum ou même d'un Böhm (77), qui font tellement durer le plaisir…entre résignation et épanchement.

Dohnányi et son orchestre retrouvent cependant dans le Scherzo et le Finale ce que nos habitudes d'écoute inclinent à considérer comme « tempo giusto », et sans erreur de caractérisation, en évitant, par exemple, le piège du tout grotesque ou de la danse villageoise (scherzo) : la trompette, faussement enjouée, sonne juste ce qu'il faut de sourire narquois. Le Finale est conduit magistralement, sans ostentation, jusqu'à cette Coda qui voit le retour du maestoso initial (fin de premier mouvement), en une solennelle et éclatante péroraison.

Si cette interprétation-là peut ne pas soulever d'enthousiasme (sur ce plan, on se souvient encore de la mémorable n° 8 livrée l'an dernier, en ce même lieu, par les Sarrebrücker et Skrowacsewski), si l'on peut chipoter sur certains détails (ceux déjà évoqués, avec en outre quelques – rares – départs de cuivres ou de cordes un poil hésitants), elle se révèle cependant d'une grande probité, car ne péchant en rien de réellement rédhibitoire. Cet orchestre constitue d'évidence une magnifique « machine » symphonique avec laquelle son conducteur, au demeurant remarquable technicien, n'a peut-être pas encore réalisé la parfaite osmose.

C'est, en tout cas, un public visiblement conquis qui exprime, avec force applaudissements et rappels, sa satisfaction d'avoir savouré ces « Hamburger »-là. Alors, oui, messieurs et dames du NDR Sinfonieorchester, à vous revoir (et entendre!) « encore une fois » ici…quand vous voulez! Ce sera avec plaisir.

Crédit photographique : © Cyrille Sabatier

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