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Il matrimonio segreto, un mariage d’âge mur

Euroarts rediffuse en DVD un Matrimonio segreto du Festival de Drottningholm, datant de 1986. En vingt ans, le spectacle a quelque peu vieilli, sans toutefois être irregardable.

Le décor unique surtout, salon du riche bourgeois Geronimo, avec ses trois portes en fond de scène, semble bien daté. En revanche, la direction d'acteur de Michaël Hampe, précise, est toujours aussi efficace, évitant les temps morts durant les airs qui sont toujours un peu long à meubler. Les costumes sont classiques, ceux des dames particulièrement froufroutants.

Cimarosa nécessite-t-il des qualités vocales particulières? Rien d'extraordinaire, si ce n'est au moins, pour le couple d'amoureux, des voix fraîches et juvéniles. Or, c'est bien là que le bât blesse. , avant de s'orienter vers les ténors wagnériens, a mené une jolie carrière de belcantiste, interprétant notamment Rossini, dans des emplois où la technique compte plus que le timbre. Hélas, pour tenir le rôle du jeune premier Paolino, le charme et la fraîcheur sont indispensables, or, , s'il maîtrise bien le style, manque cruellement de l'un et de l'autre. Idem pour la . Le personnage est ravissant, l'actrice très impliquée, mais la voix est acide et sans grâce, dotée de plus d'un vibratello particulièrement gênant. On a conscience de la cruauté qu'il y a dans le fait de blâmer deux solides chanteurs, maîtrisant style et technique, bons acteurs au demeurant, de la seule chose qu'ils ne peuvent pas contrôler : leur timbre. Mais le fait est là, ces deux bons professionnels qui devraient incarner toute la jeunesse d'un mignon petit couple ne dispensent ni suavité ni charme, mais les miment seulement. Bien que n'étant ni l'un ni l'autre d'un âge canonique, ils donnent l'impression d'amoureux d'âge mur, ce qui déséquilibre l'ensemble du spectacle.

Bien mûre aussi pour une future jeune mariée, donne une épaisseur psychologique à Elisetta, autant par la conviction de son jeu que de son chant. Bonne Fidalma également de , chacune des deux interprètes parvient à caractériser un personnage qui peut facilement rester au niveau du stéréotype. Les deux barytons-bouffes Geronimo et le comte Robinson remplissent leur contrat. Ils amusent, sans chercher à plus. La voix de est cependant plus généreuse, moins sèche, que celle de , vieux routier des rôles comiques.

Le Drottningholm Court Theatre Orchestra, sous la direction d', qui assure également l'accompagnement des récitatifs au clavecin, sonne vif et expressif.

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