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Debussy recomposé ?

L'œuvre pour piano de ne cesse de fasciner des musiciens qui trouvent dans les partitions du compositeur de la Mer une inaltérable source d'inspiration. Depuis Leopold Stokowski, le recueil des Préludes connaît quelques essais d'instrumentations particulièrement convaincants : de la fameuse (…Cathédrale engloutie) orchestrée par le chef d'orchestre de Fantasia jusqu'aux Trois préludes soumis au traitement orchestral du compositeur anglais Colin Matthews (enregistrés par Simon Rattle et la Philharmonie de Berlin pour EMI). Mais, il ne s'agissait que de pièces isolées sélectionnées dans les vingt-quatre que comptent les deux livres des Préludes. Pour l'instant l'orchestration la plus « complète » était celle de (que l'on peut retrouver sur un disque Mandala). Ce compositeur a retenu 12 préludes qu'il instrumenta pour petit ensemble.

Le compositeur , l'une des valeurs sûres de la musique belge, soumet à l'orchestre l'ensemble du cycle! Dans le livret de présentation, il explique sa fascination devant ce recueil de pièces pour piano. Ce créateur est resté scrupuleusement fidèle aux indications de Debussy et n'a ajouté aucune note, même dans les passages fortissimo. affirme qu'il n'a pas cherché à doubler le compositeur mais à recréer un esprit debussyste, et considère s'être contenté de donner sa propre interprétation des couleurs orchestrales. Le défi n'est pas mince car il faut transposer au grand orchestre des « traits exclusivement pianistiques » et orchestrer la pédale du piano. Brewaeys a donc utilisé tous les instruments du grand orchestre symphonique mais il a limité, comme Debussy lui-même, l'usage des percussions qui n'interviennent que pour souligner certains passages.

Force est de constater que le résultat est intéressant sans toutefois atteindre le génial et l'indispensable. Si certaines pièces s'avèrent très réussies comme (…Voiles), (…La sérénade interrompue), (…La puerta del Vino), (…« Général Lavine »- excentric) et (…feux d'artifices), d'autres sonnent de manière assez scolaire (…Danseuses de Delphes) et (…Hommage à S. Pickwick Esq. P. P. M. C). Globalement, même si le compositeur s'en défend, l'esthétique debussyste est très présente et on aurait aimé un peu plus de radicalisme dans les choix instrumentaux. L'interprétation, servie par une magnifique prise de son, de De Filharmonie (rebaptisée pour les besoins de l'export de son ancien nom de : Royal Flemish Philarmonic) est convaincante. que l'on n'a pas connu aussi inspiré depuis longtemps est comme un poisson dans l'eau dans cet univers coloré qui convient à son tempérament méditerranéenet il tire de merveilleuses sonorités de son orchestre anversois.

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