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Caractères et couleurs selon Sainte-Colombe

Que sait-on de ? A part le film Tous les matins du monde d'Alain Corneau, le fait qu'il ait été le maître de et la fameuse septième corde ajoutée, si peu de choses… On suppose qu'il a mené une existence de musicien libre et qu'il eut de nombreux élèves. Autre supposition, il serait né autour de 1630, de confession protestante, il aurait quitté la France après la Révocation de l'édit de Nantes en 1685.

Retrouvé en 1960, le manuscrit des 67 concerts est un mélange d'ancienne musique pour ensemble de violes, pratiquée surtout par les anglais, et la musique soliste française pour basse de viole. Même s'ils sont sobres, on y découvre un contraste certain entre simplicité et fougue, mélodie et jeu d'harmonie. Ces contrastes étaient obtenus par un subtil mélange de timbre, de hauteur, de couleur par le travail de la tessiture sonore.

De , si peu de choses… Cependant, l'auditeur y retrouvera cette douce délicatesse des timbres, des couleurs et des caractères de l'instrument qui en font la marque du compositeur. «La délicatesse de l'expression ne consiste nullement de grands mots, dans un long assemblage de paroles harmonieuses, dans des phrases trop recherchées : il faut je ne sais quoi de naturel, d'aisé, de simple, de naïf, de facile, mais vif et ingénieux». Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde : Réflexions sur l'élégance et la politesse du style, 1695.

Nous retrouvons donc ici les concerts XXXVI à L. Ce troisième volet referme les 67 concerts de à deux violes égales et l'intégrale discographie de Mararet Little et Susie Napper. Chaque concert a un nom, aussi bref que définissant son contenu. L'on passe ainsi de L'Attentif au Resjoui, de l'Estonné au Raporté et au fameux Tombeau des Regrets. On y retrouve comme dans les premiers concerts, l'esprit de la danse dans les Allemandes, Gavottes (le Resjoui), Sarabandes (le Pianel) et autres Gigues (l'Estonné).

Les violes de Margaret Little et Susie Napper se répondent tour à tour, s'imitent, se fondent dans une remarquable courtoisie pleine d'articulations, d'ornementations, de trilles pourtant toutes de sobriété. En ressort de cette excellente interprétation des Voix Humaines une douce intimité. Les deux interprètes échangent entre elles les rôles de soliste et d'accompagnateur entre les différentes pièces de ces concerts.

Le Tombeau des Regrets, qui raconte un décès, y est très beau, les violes y jouent le carillon de la mort, les pleurs des proches, l'Enfer et le Paradis.

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