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Nouvelle composition de Thierry Escaich

Création de Miroirs d'ombres

Anaklasis de Krzysztof Penderecki, créée par Hans Rosbaud au Festival de Donaueschingen en 1960, composée pour un orchestre à cordes et six percussionnistes, est une pièce assez aride qui étudie la réfraction du son dans l'espace. Le chromatisme peut en être assez crispant, mais certains effets spectaculaires des percussions, traitées comme de véritables solistes, sont saisissants. De natura sonoris n°2 (1970) est de la même veine expérimentale, mais semble d'abord un peu plus facile par sa variété de timbres. De nombreux silences sont entrecoupés de déflagrations sonores brèves et chaotiques, et d'imitations par les percussions de ce qui ressemblent à des sons de la vie quotidienne.

La création française de Miroirs d'ombres, le double concerto pour violon, violoncelle et orchestre que a composé pour les frères Renaud et était évidemment l'épisode le plus attendu de cette soirée. Il est difficile de juger une œuvre aussi dense à la première audition, mais le résultat nous semble très positif. Ce concerto est composé de trois épisodes qui s'enchaînent l'un à l'autre. Le premier épisode est assez fascinant par le climat sombre et intimidant qu'il met en place, c'est une sorte de long Adagio coupé d'accents dramatiques dans lequel le violon, fiévreux, a tendance à dominer le discours. La partie suivante est plus rapide, et rythmée de manière très efficace, les deux solistes semblent évoluer sur des planètes différentes, violon frénétique et violoncelle plus posé, ils se rejoignent dans un dernier épisode qui a comme un goût de finale de concerto à l'ancienne, avec ses traits brillants et son ambiance éruptive. Outre l'intéressant traitement des instruments solistes, qui demande plus de vigueur et d'endurance que de pure virtuosité, ce concerto séduit également pas son orchestration, spectaculaire et soignée, qui permet à un orchestre fourni de prendre sa juste part dans le succès public de l'œuvre. Le concert est clôturé en beauté par une Symphonie n°6 de Chostakovich dont le climat amer et désolé du long mouvement initial est parfaitement rendu. Les deux mouvements qui suivent sont d'une exubérance grinçante, ils contrastent avec la plainte du largo d'une façon qui surprendrait si on ne connaissait le caractère caustique du compositeur. Ils sont dirigés avec une précision et un sens de la couleur chatoyante très intéressants de la part du chef . Les cordes de l'ONL se montrent sous leur meilleur jour, brillantes et disciplinées, les vents par contre sont un peu crispés par endroits (dans l'adagio surtout), mais l'exécution reste de haute volée grâce à un ensemble de cuivres très en verve, et à des percussions qui ne craignent pas de se faire entendre.

Crédit photographique : © DR

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