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Busoni Music for two pianos

a vécu l'essentiel de sa vie en terre allemande où il est l'instigateur de nombreux centres d'éducation musicale de haute qualité. Il est considéré comme l'un des plus brillants compositeurs et pianiste du XXe siècle, tant sur le plan virtuose que sur l'originalité de sa démarche créative. Ses premiers concerts à l'age de huit ans témoignent de sa dextérité pianistique, n'hésitant pas à inscrire ses propres œuvres à ses programmes. A douze ans, il dirige son Stabat Mater. Tour à tour professeur au Conservatoire d'Helsinki et au Conservatoire de Boston aux Etats-Unis, est un compositeur unique dans l'histoire de la musique. En effet, nombre de ses œuvres n'ont pas le fini de l'œuvre d'art ; certaines possèdent des parties imparfaitement réalisées ou d'autres encore ne sont pas terminées. C'est là un trait essentiel de son style musical, comme une incompatibilité entre le savoir théorique et l'intuition indomptable de la créativité, comme une création toujours inachevée. Evitant constamment l'académisme et la routine stylistique, est un esprit curieux et un précurseur de génie qui donne aux XXe siècle une nouvelle philosophie de la composition musicale parmi la floraison de philosophies musicales de ce dernier demi-siècle. Ferruccio Busoni est un grand admirateur de l'œuvre de Jean Sébastien Bach. Il fût également professeur de composition de Edgar Varèse et Kurt Weill.

Les pièces de cet album sont construites à partir de matériel ou d'éléments thématiques de Wolfgang Amadeus Mozart ou Jean Sébastien Bach. Le point ultime et absolu des recherches du compositeur se trouve certainement dans la Fantasia Contrappuntistica. Œuvre dans laquelle la science du contrepoint est littéralement transcendée pour livrer l'essence même de l'esprit combinatoire du compositeur. Le côté dramatique des opéras mozartiens s'échappe de la Fantasie für eine Orgelwalze, alors que l'influence de Jean Sébastien Bach se fait ressentir dans le thème de la fugue qui se développe par la suite. Le style de Ferruccio Busoni est toujours respectueux de la « lettre » stylistique de ses deux grands maîtres. A tel point qu'il est parfois impossible de faire la différence entre les deux maîtres du passé et lui. Toujours prudent, sa vision de la composition semble plus proche de l'écriture au dessus du pastiche, que de la composition suivant laquelle il pourrait explorer son propre langage.

Si Wolfgang Amadeus Mozart était toujours vivant, il aurait certainement écrit le Duettino Concertante nach Mozart. Préservé dans l'esprit et le style, tout dans cette pièce respire le grand maître franc-maçon. De l'énergie, aux cadences, en passant par l'écriture même des thèmes, tout est Wolfgang Amadeus Mozart dans cette pièce, alors qu'elle date du début du siècle. Bien sûr, les modulations sont inédites ou inattendues parfois, mais c'est souvent pour mieux réinstaller l'assise tonale et sûre de l'écriture Mozartienne. L'éclat des lignes contrapunctiques, le génie des idées mélodiques et de la force structurelle de ses œuvres, font de Ferruccio Busoni, l'un des plus grands représentants de ce début du siècle. N'en déplaise à Hans Pfitzner, Ferruccio Busoni n'est pas l'homme du  » péril futuriste » de cette génération du début du XXe siècle, mais bien celui qui ouvre une forme de démocratie de la création musicale.

Allan Schiller est l'un des pianistes anglais les mieux reconnus en Europe. Il fait parti des rares musiciens à avoir pu profiter des conseils du maître russe Victor Merzhanov et cela est parfaitement décelable dans son jeu et sa technique. A l'âge de dix ans, il donne son premier concerto pour piano de Wolfgang Amadeus Mozart, accompagné par l'Orchestre Hallé et dirigé par Sir John Barbirolli. C'est sans doute la raison pour laquelle sa finesse d'interprétation mozartienne est remarquable dans les œuvres de Ferruccio Busoni comme la Fantaisie fûr eine Orgelwalze ou le Duettino Concertante. En plus de l'écriture, Allan Schiller y insuffle l'esprit de Mozart comme personne. Du fait, les deux dernières œuvres du disque sont clairement plus limpides et plus vraies que natures. D'autre part, John Humphreys, le second pianiste de cet album, fût jadis étudiant au Royal Academy of Music. Il montre ici toute la pratique qu'il a de cette Fantasia Contrappuntistica et de ses détours sinueux et complexes dont Ferruccio Busoni avait le secret. Ce duo très équilibré ne pouvait que profiter à l'album, car il est certainement risqué pour un interprète de créer les pièces d'un compositeur aux styles si variés, comme Ferruccio Busoni.

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