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Pastorale

Le SOV au Bijloke

Ce concert du à Gand commence par Raga II, œuvre du compositeur lierrois (Anvers) , datant de 1995. L'œuvre fait partie d'une trilogie concertante inspirée par la philosophie et la musique indienne : Raga I est pour percussions, Raga III pour alto, tandis que Raga II qui nous occupe ce soir est un concerto pour orchestre. La pièce débute par une longue et lente introduction à l'ambiance anxieuse et trouble, prenant progressivement de l'ampleur et du rythme, avec des cordes blafardes qui semblent envahir tout l'espace sonore, ne laissant aux vents que quelques courts instants de respiration. Vient ensuite un très beau dialogue, aérien et apaisant, entre deux violons solos, avant la partie la plus marquante de l'œuvre, une danse endiablée et entraînante, rythmée par un timbalier déchaîné et par les trombones. La pièce se termine dans le même climat qu'au début : un calme équivoque, prélude à de nouvelles tempêtes. Jouée en présence de son compositeur, Raga II semble avoir plu au public, c'est justice, car c'est une œuvre très intéressante, dans laquelle montre à la fois de belles qualités narratives, un tempérament symphonique affirmé, et des talents d'orchestrateur et de coloriste qu'il utilise avec finesse et mesure.

Vient ensuite le Concerto pour violoncelle d'Elgar, grande œuvre au climat mélancolique et poétique, aux beaux thèmes chargés d'émotion, mais dont les développements sont parfois bien longs, dans le pesant finale surtout, dont les nombreux méandres suivent un cours assez difficile à suivre. , comme à son habitude, donne une interprétation vibrante et engagée, au lyrisme chaleureux, qui va droit au cœur de l'auditeur, car le violoncelliste vit cette musique avec une intensité et une profondeur admirables. Nous sommes au premier concert de la série, et on sent encore un peu de réserve : Wispelwey parait un peu crispé dans le premier mouvement, dans lequel la transition Lento-Allegro molto est assez laborieuse, et l'entente avec le chef, qui doit régulièrement retenir son orchestre, n'est pas encore idéale. Néanmoins, l'enthousiasme et la gourmandise du violoncelliste dans l'Allegro molto, sa sobriété dans le très bel Adagio font honneur à cette œuvre difficile.

Après la stimulante Symphonie n°7 du mois de décembre, on attendait beaucoup de la Pastorale de ce soir, qui confirme avec éclat que dans Beethoven, parle en maître. Le premier mouvement est bondissant et ensoleillé, d'une clarté de ligne remarquable, qui permet d'entendre une palette d'effets et de nuances très étendue (le vibrato est ici seulement un effet parmi d'autres), ainsi que la prépondérance d'un lumineux pupitre de premiers violons qui sont les inspirateurs de tout l'orchestre. L'Andante est souple et fin, phrasé avec une douceur extrême. Dans un tempo assez retenu mais pas traînant, Siebens en fait un admirable moment de contemplation sereine et poétique. Dommage que la ligne finisse par perdre légèrement de sa netteté et que les solos de flûte imitant les oiseaux soient un peu imprécis. On retourne ensuite à des impressions plus terrestres avec un troisième mouvement gaillard et allègre, dont le très léger déhanchement évoque la griserie des danseurs après avoir bu quelques rasades de vin de pays. L'orage est le moment le plus marquant de la symphonie : l'air est chargé d'électricité (les seconds violons au début font penser à du Bartok avant l'heure), le timbalier est en pleine forme, sec et tonique, et la tension ne se relâche que lorsque les nuages s'éloignent, pour un dernier mouvement énergique, apothéose d'une joie simple et naturelle.

A part un cor un peu sourd dans le Finale, le SOV se comporte glorieusement, avec des cordes légères et brillantes, et une petite harmonie franche et pétillante, la mise en place est parfaite, la sonorité d'ensemble remarquablement équilibrée.

Au final, un concert de très bon niveau, qui témoigne une fois encore que est un ennemi déterminé de la routine.

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