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Mahler West Coast

Les projets discographiques autoproduits par les orchestres sont de plus en plus nombreux et ambitieux. Ainsi l'Orchestre Symphonique de San Francisco arrive-t-il presque au terme d'une intégrale enregistrée en public sous la baguette de son directeur musical , et éditée sous son propre label. Cette Symphonie n°7 en est le dernier volume paru à ce jour. C'est un remake pour le chef qui l'avait déjà enregistrée en 1997 avec le London Symphony Orchestra. Cette version éditée par RCA n'avait pas bouleversé la discographie de l'œuvre, et malheureusement, cette nouvelle version ne nous semble pas beaucoup plus marquante.

Les principaux reproches seront adressés aux deux mouvements extrêmes. Le Langsam du mouvement initial, très retenu, est une belle réussite : il crée une atmosphère mystérieuse, très sombre, qui fait dresser l'oreille et donne envie à l'auditeur d'aller plus loin. Le problème est qu'après cette entrée en matière intéressante, Michael Tilson-Thomas ne trouve pas son second souffle : l'Allegro risoluto manque d'élan, les épisodes contemplatifs sont assez précieux et mièvres, et d'une lenteur complaisante, et la progression se fait par à coups, sans fil conducteur. Même constat dans le difficile Finale : la jubilation est un peu forcée, le cheminement est chaotique, et les moments les plus spectaculaires sont boursouflés. Ces deux mouvements sont certes parmi les plus compliqués composés par Mahler, et leur exécution est quand même ici de bonne tenue, mais d'autres chefs, Bernstein, Boulez, Tennstedt, … ont su leur donner une cohérence et un allant qui manquent ici, et si la réalisation orchestrale extrêmement brillante et sûre est un point fort de ce disque, à l'heure où les orchestres jouent partout de mieux en mieux la musique de Mahler, ce n'est plus véritablement un critère suffisant pour le distinguer.

Les mouvements centraux, de forme plus simple, moins hétérogènes, sont nettement mieux venus : Nachtmusik I est fluide et fantastique, les qualités plastiques d'un orchestre aux bois magnifiques y donnent leur pleine mesure, le scherzo est d'une légèreté très intéressante, mais son caractère grinçant et fantasque pourrait être plus marqué, tandis que Nachtmusik II est le meilleur moment de ce disque, d'une douceur et d'une finesse remarquables, il semble évoluer en apesanteur, le solo de cor y est d'une grâce touchante, et les cordes très chaleureuses.

Voici donc un disque très honorable, qui ne déparera pas la très belle intégrale Mahler de , mais qui reste quand même loin des grandes réussites de la discographie parmi lesquelles Bernstein à New York (DG), Tennstedt avec le London Philharmonic (EMI), et le sous estimé Kurt Masur avec le Gewandhaus Orchester (Brilliant).

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