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Kazushi Ono dirige l’ONL, si loin si proche…

Le concert débute par le célèbre concerto pour violoncelle, au titre évocateur, d', Tout un monde lointain. Divisée en cinq mouvements (Enigme, Regards, Houles, Miroir et Hymne), l'œuvre est onirique et fantasque, austère et brumeuse dans les deux premières parties mais plus animée et éclatante à partir de Houles. Le superbe Hymne final étant soulevé par une puissance tellurique grandiose.

est une grande dame du violoncelle, à la carrière brillante et au jeu entier. Toutefois sa sonorité tant caractéristique ne semble pas faire bon ménage ce soir avec les subtilités de l'œuvre de Dutilleux. Enigme et Regards sont les mouvements les plus décevants, secs et froids, d'une couleur uniformément grisâtre. La suite est meilleurebien plus sûre d'un point de vue technique, et le finale est même enlevé avec un certain panache.

Kazuchi Ono réussit un accompagnement de toute beauté, prodigue en couleurs et en puissance, habile à rendre les différentes variations du climat, et très attentif au dialogue avec la soliste.

Ono revient après la pause pour diriger une Symphonie n°4 de Tchaïkovski guère convaincante, en particulier dans le premier mouvement, trop de retenue, froid et sans exaltation. Les appels des cuivres manquent d'éclat, les cordes sont relâchées, les transitions sont quelques fois maladroites par une mise en place des bois qui semblent flottants, ils avancent en ordre très dispersé lors de leurs nombreux passages à découverts. Dirigé de cette façon timide, Tchaïkovski semble être un compositeur de troisième ordre, aux idées décousues. Le chef se reprend heureusement dans l'Andantino qui est assez neutre mais respire avec naturel. Le subtil Scherzo est d'une finesse joueuse et dansante très affûtée, et le mouvement final, s'il manque un peu de flamme – alors qu'il est pourtant noté Allegro con fuoco – et est mené avec énergie et d'une belle maîtrise technique, chef et orchestre semblant avoir oublié leurs inhibitions de la première partie.

Au final, un concert relativement décevant, on attendait mieux d'un chef qui a su se montrer si intéressant à d'autres occasions.

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