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Festival Arthur Grumiaux : concert inaugural

Avec une population plus ou moins équivalente à celle de Liège, la ville de Charleroi présente une activité culturelle nettement moins favorisée. Tandis que la cité ardente peut s'enorgueillir de voir évoluer en son sein un orchestre lyrique et une phalange symphonique de très haut niveau, Charleroi ne peut compter que sur les programmes Charleroi-Danse et Charleroi-opérette, accompagnés de quelques évènements isolés pour prétendre à une activité culturelle. Partant de ce constat, l'on ne peut que féliciter Christian Delcoux, directeur du conservatoire de Charleroi, d'avoir su mettre sur pieds un festival de musique de chambre au programme éclectique, balayant l'histoire de la musique de Vivaldi jusqu'au jazz. Le Festival musical Arthur Grumiaux « Les printemps de St Laurent » s'est ainsi ouvert ce 17 mars, partagé entre musique instrumentale et vocale.

Le Trio pour hautbois, cor et piano de Reinecke nous permet de réentendre Delphine Delcoux, habituée de ce festival ainsi que Nico de Marchi, corniste solo de l'O. P. L. Ces derniers sont accompagnés par le très attentif Geert Callaert venu remplacer Kœn Kessels, le pianiste initialement annoncé. Globalement, la performance est tout a fait honorable, malgré des difficultés à gérer la balance entre les instruments, le hautbois ayant du mal à s'imposer face au volume développé par les amples sonorités du cor et du piano. Geert Callaert va ensuite démontrer qu'il est d'avantage qu'un bon accompagnateur, en interprétant les Trois gymnopédies de Satie. Par son toucher délicat et un tempo plus que retenu, Callaert sait magnifier l'atmosphère mélancolique de cette partition.

Le programme défendu par la mezzo-soprano Mireille Capelle est intégralement tourné vers le vingtième siècle. Si son interprétation de La dame de Monte-Carlo détonne un peu dans le cadre de la petite église romane, elle reste, comparée à la théâtralité qu'elle déploie dans les extraits de la Périchole et les Trois chansons de Kurt Weill un véritable modèle de sobriété… Il est regrettable que tant d'effets viennent déconcentrer l'auditeur d'un timbre agréable et d'un travail pourtant soigné.

Le compositeur tchèque Kalliwoda, reconnu comme virtuose du violon, l'est également pour ses pièces dédiées au hautbois, qui sont régulièrement jouées. Delphine Delcoux avait choisi le morceau de salon avec lequel elle fait la démonstration d'une brillante technique. Si il existe encore quelques détails perfectibles, la virtuosité de l'interprète force l'admiration. interprétera ensuite l'Andante et Polacca de Karl Czerny, qui malgré un flot d'ornements au piano masque tant bien que mal une ligne mélodique peu inspirée. Le Alphorn de voit le retour de Mireille Capelle, lui permettant une incursion dans le répertoire classique avant de clôturer le concert par un Ave Maria de Gounod suivi d'une fantaisie jazz : Time after time.

Crédit photographique : © DR

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