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Le Chœur régional Nord-Pas-de-Calais dans Mozart, acte II

Requiem

Deux semaines après sa prestation contestable dans le Requiem, on retrouve le Chœur régional Nord Pas-de-Calais dans un autre cheval de bataille mozartien, guère plus facile, la Grande Messe en ut. Le contexte est cependant tout autre : on a échangé la salle du Nouveau Siècle pour l'église Sainte-Catherine du Vieux Lille, les instruments modernes de l'ONL ont fait place aux sonorités anciennes de la Grande Ecurie, et les options de sont évidemment très différentes de celle de Jean-Claude Casadesus. La partie vocale soliste est quant à elle assurée par quatre lauréats du Concours de chant 2005 de Clermont-Ferrand.

Le concert débute par le célèbre motet Exultate jubilate. C'est une bonne idée d'avoir confié cette pièce au soprano corsé de Noriko Urata, mais les très réelles séductions du timbre sont insuffisantes pour compenser des carences techniques assez criantes, et qui se manifestent essentiellement dans le premier air : justesse précaire (elle démarre juste mais ne parvient pas à tenir la note), ornementation à l'emporte-pièce, chant autoritaire et dur. Dans le récitatif qui suit, on est frappé par un latin guttural et monosyllabique, dans l'andante par des phrasés hâchés et un usage très parcimonieux du cantabile. L'Alleluia final est de bonne tenue, mais guère inoubliable, le feu d'artifices qu'on peut en espérer n'est pas au rendez-vous.

Heureusement, la Grande Messe en ut est d'un autre calibre, grâce d'abord à la direction inspirée de , qui conduit chaque mouvement au juste tempo, insite sur les contrastes et l'expressivité, aère la polyphonie et laisse respirer les nombreux passages fugués.

Tenant la partie de premier soprano, on retrouve Eugenia Enguita, qui avait fait bonne impression dans la récente Pietra del Paragone de Valenciennes. La musique sacrée mozartienne réclame cependant des qualités autres que l'opéra du jeune Rossini, et si on est séduit par des aigus d'une pureté remarquable dans le Kyrie, les incursions de la soprano espagnole dans le registre grave sont très scabreuses, produisant trop souvent des sortes de râles étranglés et peu musicaux. Elle est par contre plus à l'aise dans Et incarnatus est, plus tendu, dans lequel son timbre lumineux et la douceur de ses aigus font merveille. Elle vocalise joliment, mais de façon encore un peu trop scolaire, ne semblant jamais se détacher de la partition. Noriko Urata fait meilleure impression dans Laudamus te que dans le motet : ses problèmes de justesse sont à peu près réglés, et si elle est un peu dépassée techniquement, elle réagit avec courage, trouve des ressources de puissance et de souffle étonnantes, et vient même à bout de son air avec panache. Dans cette messe, les solistes masculins ont un rôle très limité. Si et Francis Bouyer s'acquittent de leur tâche avec style, il faudra les réentendre dans un contexte plus propice.

L'orchestre est en pleine forme, l'équilibre entre vents, cuivres, percussions et cordes est excellent, et l'attention portée aux solistes, par le chef, mais également par le concertmeister Philippe Couvert, un musicien facétieux qui tient et inspire son ensemble.

Le Chœur du Nord-Pas-de-Calais avait été décevant dans le Requiem, il est bien plus à son affaire sous la direction plus allante et plus légère de Malgoire. Les effectifs sont moitié moindres, permettant plus de nuances et de clarté, la cohésion est nettement améliorée, l'ensemble augmente en qualité, en franchise et en netteté des attaques. Les timbres restent un peu frustes, le chant piano reste assez difficile, mais c'est du vrai chant, et non les mugissements d'il y a quinze jours.Le Choeur

était préparé par Jean Bacquet, un de ses fondateurs. Pour cet ultime concert avec l'ensemble dont il fut le dirigeant, lui laisse le pupitre pour le bis, un très simple et émouvant Ave verum corpus.

Crédit photographique : © DR

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