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Isang Yun, de l’Allemagne à la Corée

. Sa vie relève pratiquement du roman d'aventure ! Emprisonné pour activité anti-nippone en 1943, ce coréen se cache pendant la guerre puis participe à la reconstruction de la vie culturelle de son pays après la fin de l'occupation japonaise. Il enseigne la musique d'abord en province puis, après la Guerre de Corée (1953), il professe la composition à l'Université de Séoul.

Grâce à une bourse (1955), il part étudier en Europe. Ce sera au Conservatoire de Paris puis à Berlin et à Darmstadt. Il passe plusieurs années à Berlin avant d'être enlevé et emmené à Séoul et emprisonné pour le motif fallacieux d'activité communiste (1967). Innocenté deux ans plus tard, il retourne vivre à Berlin mais ne sera amnistié qu'en 1970 ! Il réside ensuite en Allemagne, y enseigne la composition et reçoit le titre de professeur en 1973. Sa musique bénéficie d'une heureuse synthèse visant à enrichir la musique coréenne d'apports occidentaux, un alliage savant de deux traditions séculaires non antinomiques à ses yeux. Son catalogue porte donc la marque d'une tentative de mariage individuelle et personnelle entre la musique traditionnelle extrême-orientale et les récentes acquisitions de la musique occidentale. Naxos nous invite pour l'occasion à découvrir trois œuvres orchestrales de la grande maturité de puisque composées vers l'âge de 70 ans.

L'Ensemble de chambre coréen placé sous la direction précise et compréhensive (il a longtemps vécu et travaillé en Corée) du chef polonais se hisse au niveau des meilleures phalanges du genre tant au plan de la qualité instrumentale qu'à celui de l'interprétation proprement dite. C'est un atout majeur pour garantir la meilleure diffusion possible de l'œuvre de ce compositeur encore bien méconnu. La Symphonie de chambre I (1987) s'inscrit aisément dans la tradition au plan de l'effectif tout en assimilant habilement les possibilités offertes par une riche ornementation, des quarts de tons, des cordes divisées et des schémas dynamiques individuels… le tout au profit d'une structure homogène singulière. Tapis pour cordes (en français) date de la même année et illustre typiquement la synthèse orient-occident évoquée plus haut. , élève de la Juilliard School, s'investit totalement dans la défense de Gong-Hu pour harpe et cordes (1984), pièce virtuose certes mais également sensible, intéressante et parfois même séduisante.

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