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Simon Simon : Entre ombres et lumières

Après la parution de son livre, Le Clavecin des Lumières (chez Bleu nuit Editions) et l'enregistrement d'une série de sept albums consacrés aux musiciens du XVIIIe siècle comme Michel Corrette, Armand-Louis Couperin, Jacques Duphly ou Nicolas Royer, se consacre maintenant à un compositeur oublié de nos jours et qui pourtant fut l'un des derniers français à avoir écrit pour le clavecin, avant que celui-ci ne laisse sa place au pianoforte … , né vers 1735, fut pris en charge très tôt par Madame la Marquise de la Mézangère, l'une des meilleures élèves de François Couperin, qui lui enseigna le clavecin. Simon étudia la composition avec Dauvergne, compositeur du Roi. Il eut rapidement de nombreux élèves avant d'obtenir le poste de Maître de clavecin des Enfants de France. Simon a écrit trois livres de pièces de clavecin dont certaines sont composées avec un accompagnement de violon. Brosse consacre son enregistrement aux pièces pour clavecin seul du premier recueil.

Dès les premiers accords, on ressent que Simon connaît parfaitement le répertoire des grands maîtres, ses pièces s'inspirent de Rameau, Bach et surtout Scarlatti. Mais en cette deuxième moitié du XVIIIe siècle, l'écriture du clavecin est forcément plus libérée qu'à l'époque baroque et se rapproche de celle du piano-forte. Composés de petites séquences caractérisées par un trait ou une articulation, les morceaux qu'il écrit demandent beaucoup de virtuosité : grands déplacements sur le clavier, ornements, traits rapides, échanges des mains…Simon aime les contrastes. Les caractères troublées ou tourmentés de certaines pièces en mineur sont d'une grande originalité. Les accords diminués en abondance, le registre grave dans La Corée surprennent et semblent presque modernes pour du clavecin. L'Arrard quant à elle, a un caractère beaucoup plus libre. Ces pièces en mineur sont d'une grande austérité, sérieuses et dramatiques. Simon écrit aussi des morceaux courts, dans le style galant au caractère un peu naïf et amusant, mais dont les procédés de compositions sont parfois trop simples : un thème et variations qui ne varient que sur quelques détails (La Moriceau), un travail autour de la septième de dominante qui à force de répétitions ne surprend plus (La de Guiberville). Ainsi, dans La de Poyanne, le thème principal est accompagné d'arpèges répétitifs et sur plusieurs mesures est déployé le même accord parfait. Mais aujourd'hui ces compositions, probablement écrites dans un but pédagogique, pourraient enrichir l'apprentissage du clavecin.

Saluons le très beau travail de recherche de . Par la profondeur du son, le phrasé, les articulations et la puissance il met en valeur un compositeur oublié. On peut toutefois regretter que la prise de son rende le clavecin trop sonore particulièrement dans les graves qui manquent quelquefois d'intelligibilité. Cependant, Brosse réussit à capter notre attention tout au long du disque dans des pièces inégales grâce à un jeu très vivant. Il faut encourager ce type d'initiative qui renouvelle le répertoire.

Ce disque est évidemment une curiosité mais s'adresse avant tout à un public de spécialistes et donne un bon reflet de l'époque des Lumières. Cet enregistrement, à l'écoute agréable, reste abordable à un large public.

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