- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Mozart en toute clarté

Le Théâtre Léo Ferré d'Aulnoye Aimeries, remarquable équipement culturel pour une ville de cette taille, était assez peu rempli pour la venue de l' dans un concert Mozart dirigé par , violoniste et chef américain, ancien violon solo du Boston Symphony Orchestra et directeur musical du Utah Symphony Orchestra de 1983 à 1998.

La soirée débute par deux œuvres concertantes pour violon et orchestre, dans lesquels fait assez pâle figure. Il fait beaucoup de fautes dans l'Adagio, pourtant mené à un train de sénateur, et le Rondo est acide et circonspect. a cessé d'être un jeune violoniste depuis fort longtemps, et on n'en naturellement attend pas les fulgurances d'un produit de concours tout juste sorti du conservatoire, mais jouées de cette manière peu sûre, ces pièces qui ne sont déjà pas les plus passionnantes dans l'œuvre de Mozart, sont plutôt indigestes. Le Concerto n°4 est d'un meilleur niveau : sans être transcendant, le soliste y domine enfin son sujet, alors que dans les œuvres précédentes, il semblait subir les événements, et on peut jouir de la douceur de sa sonorité et de la profondeur de son chant. Les mouvements extrêmes, très entraînants, témoignent d'une belle vivacité, tandis que l‘Andante cantabile est justement chantant et très délicatement phrasé. L'ONL prouve toute sa maîtrise dans cette première partie : aucunement dirigé par le violoniste et en formation assez imposante, il joue pourtant comme un seul homme et ne commet pratiquement aucune faute.

En seconde partie, Joseph Silverstein pose son archet pour diriger deux symphonies, l'une de jeunesse, la n°22, puis la célèbre Symphonie n°38 « Prague ». Ce sont ces deux œuvres qui donneront tout son intérêt à cette soirée : la Symphonie n°22 est menée avec fermeté, Silverstein met particulièrement bien en valeur les dialogues entre les cordes, et la grâce un peu nonchalante du mouvement lent est très bienvenue. Dans la Symphonie n°38, on est séduit par un Adagio d'introduction solennel et d'une limpidité parfaite, et par les phrasés soignés, chantants et énergiques, des cordes dans l'Allegro. L'Andante est habité par le chef, mais pas par l'orchestre, distrait et peu impliqué, qui connaît là sa seule faiblesse de la soirée, due peut être à un gros insecte, attiré par les lumières des projecteurs, qui vient taquiner les musiciens au plus mauvais moment. Le Presto final est sans histoire, vigoureux, stylé et enthousiaste.

Joseph Silverstein est un chef très intéressant, à la battue économe mais claire et élégante. On l'aurait volontiers entendu dans une symphonie supplémentaire (la 34 par exemple, si rare), plutôt qu'en violoniste dans la première partie.

Crédit photographique : © DR

(Visited 78 times, 1 visits today)