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Juan Carmona, Sinfonia Flamenca : entre musique Classique et Flamenco

est une des grandes figures de la guitare flamenca, récompensé par de prestigieuses récompenses (Prix Paco de Lucia, Prix Villa Médicis mais aussi Latin Grammy Award en 2003). Il se fait rapidement reconnaître dans son travail de recherche de fusion du flamenco avec d'autres styles : jazz, musique orientale… Un grand pédagogue aussi. Il est le seul de sa partie à être titulaire des diplômes français permettant d'enseigner en conservatoire.

Il est l'auteur d'enregistrements qui font date dont « Borboreo » et « Orillas » qui chacun à sa manière, marquèrent définitivement le style. Le premier, très flamenco, nous fit découvrir un guitariste à la technique sûre et à l'imagination fertile, le second proposant une fusion « intelligente » et particulièrement réussie entre le flamenco et la musique orientale.

C'est donc avec une grande curiosité que nous nous sommes rendu au concert qui eut lieu à la salle Gaveau à l'occasion de sa dernière œuvre Sinfonia Flamenca dont la vocation première est la rencontre de la guitare flamenca et de la musique classique.

Un concert qui débuta par trois pièces extraites du Tricorne de Manuel de Falla interprétées par l'Ensemble Instrumental de Basse-Normandie. Justesse et précision permirent d'apprécier les qualités de Dominique Debart dans une direction dynamique. Vint ensuite seul qui débuta en douceur par une Granaina avant d'enchainer sur une solea por buleria faisant montre de tout son talent. L'ensemble de sa formation le rejoint pour poursuivre cette première partie dans une ambiance de « fiesta ». Violon électrique et basse accompagnent des musiciens dans la tradition flamenco : guitare, chant, cajon et danse. Le chanteur nous parut manquer quelque peu de voix mais nous comprendrons rapidement qu'il était trop loin de son micro, donnant le sentiment de l'entendre non sonorisé face au reste de la formation. Dommage, car les rares fois où l'équilibre était respecté, en seconde partie de soirée, nous avons découvert une très belle voix, très flamenco. Le danseur, quant à lui, nous a paru enchaîner des figures de styles de manière un peu décousue avec l'intention d'éblouir le public. Efficace dans cette salle peu habituée à la fiesta flamenca. Le cajon était principalement tenu par Kadu qui fut soutenu par Sabrina Romero (chanteuse) et Antonio Granjero (danseur) ce qui donna l'occasion d'une démonstration à trois cajons d'excellente facture.

En seconde partie, la pièce tant attendue : Sinfonia Flamenca. Un démarrage orchestral digne d'un film de Zorro où la guitare se mêle petit à petit à l'orchestre avant l'entrée du chant et des autres protagonistes « flamenco ». On constate d'emblée une écriture qui fusionne les styles de manière naturelle ce qui change des tentatives passées. a écrit là une pièce bien équilibrée entre classique et flamenco. Les palos s'enchaînent, on reconnaît les compas de la buleria, de l'alegria sans que cela surprenne. L'orchestre arrive presque à « sonner » flamenco ce que l'on peut considérer comme une très bonne réussite. Il faut dire que Dominique Debard paraissait envoûté par la rythmique utilisée. Dansant littéralement, il fit montre d'une direction très bien adaptée à la situation.

On regrette toutefois une balance entre le groupe de Juan Carmona et l'orchestre en défaveur du premier ce qui a été parfois pénalisant, surtout pour la guitare.

Crédit photographique : © Nomades Kultur France

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