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Honneur au chef-d’œuvre comique de Donizetti à l’Opéra National de Prague

Le Stavovské Divadlo a eu l'honneur de créer Don Giovanni en 1787 et La Clémence de Titus en 1791. Charmant petit théâtre bonbonnière, sa fosse et sa scène sont de tailles réduites et son public est constitué en grande partie de touristes. C'est pour ces derniers qu'on ressort plusieurs fois par mois Don Giovanni.

L'Opéra National de Prague propose depuis décembre une nouvelle production de Don Pasquale. Cette œuvre récemment programmée par les scènes de Zürich, Londres ou New-York – pour ne citer que ces trois là – est curieusement absente de Paris depuis de nombreuses années. On se souvient d'un à l'Opéra-Comique…

Nous ne boudons pas notre plaisir, surtout quand une mise en scène efficace, sans prétention et sans troisième degré offre une lecture rafraîchie mais parfaitement lisible. Un joyeux désordre règne chez Don Pasquale ; des objets les plus hétéroclites jonchent le sol, y compris une petite montgolfière. Parmi les trouvailles du metteur en scène, le fil rouge de trois personnages décalés et maladroits venant régler de temps en temps une mise en scène à l'intérieur de l'opéra. De l'humour (par exemple la robe de Norina excessive de longueur au début de l'acte III), du romantisme (le ciel étoilé pour le duo des amoureux), une pointe de fantaisie (la présence de six ballerines pendant l'ouverture), les deux heures de spectacle se laissent voir sans ennui.

La fosse étant ce qu'elle est, c'est un orchestre modeste à petit effectif qui la remplit. Oliver Dohnanyi se démène ; on sent qu'il aimerait accélérer certains tempi. L'exécution orchestrale est en place, mais elle est reste sage ; il manque ce panache et ce grain de folie qui transporteraient l'auditeur. Le niveau individuel des instrumentistes et des choristes est correct, sans honte ni éclat.

Pas de grands noms au sens « international » du mot, mais une solide équipe locale se partage les rôles solistes. Le jeune Zdenek Plech (il n'a pas 30 ans) constitue une heureuse surprise : son Don Pasquale nous fait entendre une voix sonore et prometteuse. Le Malatesta de Vladimir Chmelo paraît du coup plus en retrait quant au volume de la voix, mais le baryton possède un solide métier tant vocal que scénique. Ces deux compères forment une paire de joyeux drilles. Du côté des amoureux, la voix de Pavel Cernoch est plus ingrate de timbre. Au début de la représentation l'aigu paraît nasal et timide et le rapport entre la moitié grave et la partie supérieure du registre déséquilibré au détriment de l'aigu. Le ténor semble plus assuré par la suite. La jeune Petra Notova allie un physique avantageux à une voix agréable. Le volume n'est pas énorme mais suffisant. La ligne de chant est très bien conduite et l'interprète s'avère être une Norina musicale et espiègle.

Pour faire honneur au chef-d'œuvre comique de Donizetti, un quatuor vocal irréprochable est indispensable, et de ce côté-là, l'Opéra national de Prague n'a pas à rougir. D'ailleurs le public plutôt froid pendant la représentation, sortira de sa réserve au moment des saluts.

Crédit photographique : © DR

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