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Tambour Royal, tambour battant !

Les amoureux du grand Amadeus auront été gâtés cette année mais peut-être n'auront-ils pas rencontré la fraîcheur escomptée et l'humour propre à leur compositeur favori.

Sans doute n'auront-ils pas eu l'idée de se balader rue de Belleville afin d'entrer dans ce petite théâtre au nom étrange qu'est le Tambour-Royal ! Ici, on connaît Mozart et on met le doigt sur une de ses facettes souvent laissée pour compte, ou du moins amoindrie dans les productions plus « classiques » : le comique. Chez Mozart, le sens du comique et le goût pour les facéties sont innés tout comme chez la troupe de . En effet, Philippe Ermerlier fait siennes la force et la grâce, la puissance et l'émotion, le pathétique, l'humour et l'élégance exquise mozartiens. Metteur en scène original et fin, il prend des risques, et le résultat est là ! Une heure trente de farces et de jubilations d'une intelligence vivace et abrasive dans la réunion des plus grands airs de Mozart sous une forme résolument moderne mais respectueuse du génie du compositeur rendent un hommage léger à son espièglerie et sa juvénilité si particulières. Brefs tableaux comme autant de petites visions personnelles tels des clips musicaux présentés pour la plupart par le pianiste Julien Mouchel, théâtral et ironique, quittant furtivement son piano ou s'exprimant depuis son instrument, non sans clin d'œil aux pancartes du cinéma muet. A chaque air sa correspondance humoristique ! A l'auditeur de retrouver les références originales…. dans le flot de joie dégagé, même les plus avertis en auraient sans doute oubliées. Ainsi, pour ouvrir ce spectacle « Le Repos du pianiste » (petite musique de nuit) plus tard la « Prière du Soir » (Agnus dei), le « Départ à la case Baroque » (air de Titus !), ou encore « La Bataille téléphonique » (duo de Susanne et Marcelline, Noces de Figaro) et « l'Opération à cœur ouvert» (duo de Dorabella et Guglielmo, Cosi fan tutte). N'oublions pas de saluer la merveilleuse et décapante Sofia Castiello somptueuse à chaque instant et tout à fait « bluffante » dans l'Air de Chérubin à la manière de » Happy Birthday… Mister Président ! » ou encore, en compagnie de Catherine Rossignol dont le nom caractérise à merveille le chant, dans le duo de Fiordilligi et Dorabella rendu hilarant à l'image d'une « Soirée très Jet Set ».

Vous l'aurez compris, la soirée fut fraîche et pétillante mais aussi d'une rare qualité ! Le mélange sucré-salé n'est pas à la portée du premier venu, et il en est de même pour le « classique-moderne » ou encore le « sérieux-comique » ! Pour se jouer d'un compositeur il faut le connaître, le ressentir et l'aimer plus que quiconque, et c'est souvent là que le bât blesse. The Must of Mozart était donc un pari très risqué et pourtant totalement réussi grâce à un à l'imagination débordante et à la voix généreusement malicieuse qui a su s'entourer d'admirables chanteuses dont les voix transportent autant que le jeu théâtral subjugue, le tout soutenu par un pianiste fin et fripon, au sens musical naturel et altruiste, qui a pour seule ambition la mise à l'honneur des voix qu'il accompagne, humilité rare pourtant principale qualité des excellents accompagnateurs.

Enfin un théâtre familial où il fait bon emmener ses enfants… Vous avez jusqu'à fin juin 2006 pour savourer cette fraîcheur musicale : ne perdez pas de temps, filez au Tambour Royal. Souriez, Mozart est là, pour les grands et les petits !

Crédits photographiques : © Double-D Productions

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