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Mozart par Jean-François Zygel

Est-il encore utile de présenter l'illustre  ? Anniversaire oblige, le « professeur compositeur interprète » s'attaque à Mozart et une fois de plus c'est une réussite. Ce qui nous a séduit principalement dans cette leçon, c'est l'omniprésence du support, car parler de Mozart, c'est d'abord l'écouter, s'imprégner de sa sensibilité, de sa musique. Ainsi ne se contente pas d'alimenter constamment son discours d'exemples musicaux : c'est la musique elle-même qui nourrit tout son cours. De brefs extraits musicaux viennent rythmer la leçon ; assez concis pour séduire le néophyte sans l'ennuyer, mais pas trop succincts non plus pour blaser l'amateur éclairé.

Ne prétendant nullement à une leçon exhaustive, donne des pistes au spectateur auditeur sans omettre les étapes principales rythmant la production du plus célèbre des compositeurs. Tout commence avec le style galant, qu'appelle-t-on le style galant ? Qu'est-ce qui caractérise son écriture ? Qu'est-ce qu'une carrure ? Autant de questions et de notions nécessaires à la compréhension de cette musique de la seconde moitié du XVIIIe. De son piano, le professeur souligne la capacité inventive de Mozart sans négliger de contextualiser son œuvre. Adoptant un plan chronologique, Jean-François Zygel introduit peu à peu les éléments qui viennent bouleverser la production du compositeur : la découverte de Bach et du contrepoint grâce au Baron Van Swieten ; l'influence du mouvement Sturm und Drang et d'Haendel.

Mais Jean-François Zygel ne se contente pas de dispenser un cours d'histoire de la musique, il analyse les thèmes, les compare, souligne les effets dramatiques du discours mozartien. À ses côtés, la présence du clarinettiste et du quatuor Ebène vient ajouter une couleur, un timbre on ne peut plus agréable à cette conférence. Certains apprécieront peut-être moins les quelques facétieuses plaisanteries du professeur. Ici réside le danger à vouloir cerner tout type de public, pédagogie ou démagogie ? L'avenir choisira…

Enfin quelques bonus, au grand plaisir des plus curieux, complètent agréablement la leçon. « S comme sujet » met à jour l'apprentissage laborieux de la fugue chez Mozart, l'émancipation progressive du génie. « T comme Turquerie » révèle cet attachement au timbre du compositeur, cette précocité musicale si négligée. Mais notre préférence revient au jeu merveilleux « J comme jeu de dés » ou la manière facile de composer un nombre infini de menuets, Jean-François Zygel se fait un plaisir de dévoiler les rouages de ce délicieux amusement de salon.

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