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Première de la Pucelle d’Orléans à San Francisco

Cette Orleanskaya deva, en première in loco, charme, séduit, fascine, frustre, déçoit tout à la fois et l'on ne sait plus qu'écrire… Pour parler franc, notre pucelle, ni lard ni cochon, déconcerte et déroute. Totalement !

Les décors incisifs, minimalistes et austères de meublent savamment l'espace : l'action s'y joue en milieu de scène, sur un plan légèrement incliné, surélevé, en costumes (ceux, frais, gris et moyenâgeux de ). Deux ou trois colonnes seront aussi arbre, puis cathédrale, puis bûcher. Autour de cette plaque centrale, le chœur, en habit d'aujourd'hui, commente, illustre, éclaire l'action (une action loufoque et saugrenue dont on ne sait si l'on doit en rire ou en pleurer), comme le fait, ailleurs, celui de la tragédie grecque.

A force de dramatisme, d'abattage, d'une opulence vocale décapante, parvient à «arrondir» un personnage somme toute psychologiquement bien plat. Zajick sait aussi mener une voix souvent rebelle avec soin, avec intelligence (Adieu, forêts), et sait évoquer à point, avec tendresse et charme, sans jamais tomber dans ce sentimentalisme douteux qui la guette (celui de Tchaikovski) un destin gros de solitudes et de regrets. Bien que fougueux, bien que frais, l'aigu mince, mal assuré, franchement laid, de sonne creux, sonne mou et jamais ne convainc. , lui, ne sait plus qu'aboyer. Restent quelques bons points : campe un Raymond sobre, plein, souple et bien timbré… Jeanne aurait dû l'épouser et disparaître ! La jolie voix de , fraîche et saine, saisit, capte le personnage d'Agnès Sorel, tout comme, celle, chaude et expressive de , capte Dunois. Le Lionel (Duc de Bourgogne dont Jeanne tombera raide amoureuse… ce qui lui vaudra le bûcher) de Rod (anciennement Rodney) Gilfry, souvent passionné, nuance avec goût et sait tirer son épingle du jeu. Au pupitre, mène son orchestre tambour battant.

Crédit photographique : © Terrence McCarthy

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