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Soirée romantique

Musique de chambre à l'Orangerie du Château

Le Château de Seneffe accueille pour la onzième édition son festival de musique de chambre. Le festival est concentré sur quatre jours, et permet d'entendre un beau mélange d'artistes expérimentés et de jeunes pousses du monde musical belge, dans un l'excellente acoustique de l'orangerie du château.

Le concert d'ouverture propose trois œuvres romantiques pour des formations de cordes variées et assez peu usuelles. Première pièce : le Trio pour cordes n°1 de Schubert. Ce trio a été laissé inachevé par Schubert, qui a complété le seul mouvement initial, et a laissé le mouvement lent en plan après quelques dizaines de mesures. Œuvre de jeunesse, d'une élégance très classique et un peu impersonnelle, ce trio, dans lequel le violon domine plus qu'il ne dialogue avec ses partenaires, fait une agréable entrée en matière, mais le grand Schubert est encore à venir. Trois musiciens belges pour jouer cette œuvre : , jeune concertiste que nous avions apprécié lors des Printemps de Saint-Laurent, , altiste de l'Orchestre de l'Opéra de Paris, et Sébastien Walnier, membre de l'Orchestre Philharmonique de Liège. Ils réalisent une prestation honorable, mais guère enthousiasmante, la faute à une sonorité guère séduisante, à une cohésion perfectible, et à un violon strident, qui semble marcher sur des œufs.

La formation est ensuite doublée pour le Sextuor n°1 de Brahms, avec les apparitions de Frédéric d'Ursel, membre fondateur de l', de Jonathan Nazé, de l'Orchestre de l'Opéra de Paris, et de , violoncelle solo du . Le Sextuor n°1 de Brahms est souvent présenté comme une œuvre détendue et printanière, dans laquelle Brahms tournerait le dos à l'inspiration nordique de ses premiers opus. L'interprétation de ce soir prend le contre-pied de cette tradition : l'expression est rude et tourmentée, les sonorités sont âpres, et l'ambiance est plus celle du brumeux port de Hambourg un soir d'hiver que celle des rives ensoleillées du Rhin ou de l'Elbe au printemps. Ces traits sont essentiellement marqués dans les deux mouvements centraux : l'Andante ma moderato, au rythme très marqué, a l'allure d'une balade ancienne chantée par des marins, alors que le Scherzo est animé par une énergie très rustique et une allégresse canaille. Ce Brahms à la saveur sauvage ne cherche pas à plaire, et les musiciens n'hésitent pas à malmener parfois leur instrument pour en tirer un surcroît d'expression. Pas toujours parfait du point de vue de l'intonation et de la pure beauté instrumentale, ce sextuor restera un grand souvenir car le chemin suivi par les musiciens pour jouer ce chef d'œuvre est original et inattendu.

Pour terminer la soirée en beauté, l'Octuor de Mendelssohn, pour lequel les protagonistes du sextuor se voient rejoints par Véronique Bogaerts, violoniste belge de grande réputation, et co-directrice avec Patricia Raes de ce Festival de Seneffe, et par Tomiko Shida, qui fut violon soliste de l'Orchestre de la Monnaie. Page juvénile et ensoleillée, l'Octuor de Mendelssohn est servi avec ardeur et vitalité par un ensemble ici à son plus haut niveau technique, aux sonorités charmeuses et à l'unité impressionnante.

Crédit photographique : © DR

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