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Une soirée avec l’Ensemble Equisonance

Eté Musical de Roisin 2006

Comme presque toutes les manifestations musicales de cette année, l’Eté Musical de Roisin ne pouvait faire l’impasse sur l’année Mozart. Pour célébrer le compositeur, appel a été fait à l’Ensemble Equisonance. Cette formation à géométrie variable comprend un quatuor à cordes, une pianiste et un clarinettiste. Ses membres ont pour la plupart suivi l’enseignement du Conservatoire Royal de Mons, certains y sont d’ailleurs aujourd’hui enseignants.

Première œuvre au programme, le Quintette pour clarinette et cordes, dans une interprétation en demi-teinte. La clarinette de Philippe Saucez n’est pas en cause, douce et colorée, jamais prise en défaut de musicalité, elle procure beaucoup de bonheur. L’accompagnement des cordes, par contre, est assez raide et mécanique, leur sonorité un peu crispante, et l’homogénéité de l’ensemble perfectible. A leur décharge, on peut faire remarquer qu’il n’est pas facile de débuter un concert par ce quintette, œuvre pour laquelle l’atmosphère chambriste doit être bien établie, et la concentration du public assurée.

Pour suivre : le Quatuor avec piano n°2 KV493. Curieusement, alors qu’on considère souvent que le quatuor à clavier est un genre hybride et déséquilibré, l’ensemble sonne ici de façon beaucoup plus harmonieuse, avec des cordes à la sonorité pleine et ronde, et une assise grave bien affirmée. L’interprétation est très enlevée et élégante, un peu trop sérieuse peut-être, avec un piano au jeu ferme et bien articulé, qui fait preuve d’autorité dans l’Allegretto final et des cordes bien en place et incisives, n’était une grosse faute du violon vers la fin du Larghetto.

Troisième œuvre de cette soirée qui va crescendo, le Quintette à cordes en sol mineur, chef d’œuvre du genre, dont les trois premiers mouvements sont parmi les plus pathétiques de l’œuvre de Mozart. Son Finale, après une introduction lente aussi douloureuse que les trois parties précédentes, se termine en un Allegro d’une allégresse bondissante, d’apparence factice après d’aussi sombres pages, mais qui traduit la détermination de Mozart à vouloir forcer le destin à cette époque de sa vie où les problèmes financiers et sociaux commençaient à devenir très pressants. L’Ensemble Equisonance joue ce quintette avec beaucoup de maîtrise, sa signature sonore assez brute et son jeu tranchant et musclé convenant bien à l’œuvre. On admire l’intensité presque sauvage du premier mouvement, mené par un premier violon au désespoir très éloquent, et le caractère farouche du Menuet, placé par Mozart en deuxième position, qui est comme giflé par les musiciens. On apprécie également beaucoup le chant profond et posé, mais toujours douloureux de l’Adagio ma non troppo. Le dernier mouvement est un peu moins convaincant : son introduction est très justement dramatique et tendue, mais l’Allegro qui suit manque un peu de rythme, d’élan et d’allégresse, comme s’il baignait encore dans l’atmosphère de l’adagio, alors que la cassure devrait être à notre avis plus marquée. Une petite réserve, mais qui ne vient pas gâcher le plaisir d’une exécution de haut niveau de ce quintette.

Le bilan est simple et très positif pour ce concert d’ouverture de l’Eté musical de Roisin : un Quintette avec clarinette un peu décevant, mais ensuite deux chefs d’œuvre pas si fréquents au concert, et exécutés de maîtresse façon. Au final, un beau succès pour l’ensemble Equisonance, devant un public très nombreux et attentif.

Crédit photographique : © Eté Musical de Roisin 2006

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