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Les transcriptions de la main de Mozart

Composés en 1782, année heureuse pour Mozart qui vient de s'installer à Vienne – enfin libre dans la capitale impériale où il va bientôt célébrer ses noces avec Constance – les deux Concertos pour piano K. 413 et 414 connaissent immédiatement une version pour piano et quatuor à cordes apparemment destinée aux nombreux amateurs de l'époque désireux d'aborder le répertoire concertant. Sans réellement nous frustrer de la dimension orchestrale assumée ici en grande partie par les cordes – deux hautbois et deux cors dans le Concerto n°11, deux hautbois et deux bassons dans le Concerto n°12 viennent seulement en rehausser les couleurs – la version pour quatuor à cordes sert avec un égal bonheur le discours mozartien axé sur les valeurs expressives et cantabile du piano soliste. Si l'ensemble perd un peu de sa brillance, il gagne en intimité de ton et resserre le dialogue tout en finesse des deux partenaires. C'est sans aucun doute le parti pris de cet enregistrement où le , dans un style irréprochable, se met à l'écoute du piano très « cantabile » de restituant la grâce et la fraîcheur de la ligne mozartienne empreinte de langueur tendre voire d'une certaine mélancolie lorsque Mozart, dans le mouvement lent du Quatuor n°12, rend un dernier hommage au « Bach de Londres » qui venait de mourir dans l'indifférence quasi-générale du monde musical. s'épanche certes mais toujours avec la finesse et la retenue qui convient, retrouvant dans les rondos finals cette joie complice tout en rebond et en légèreté qu'il partage avec les instrumentistes du quatuor.

Après « le Bach de Londres » c'est au « vieux Bach » que Mozart rend un vibrant hommage dans l'Adagio et fugue écrit en 1788 avec une rigueur d'écriture qui s'oppose radicalement à l'esprit galant des concertos. Dans le ton tragique d'ut mineur dont les errances rappellent les premières mesures du quatuor des dissonances, Mozart conçoit dans l'Adagio une de ses pages les plus tendues que le restitue avec une intensité poignante mais jamais outrée. La fugue à trois voix – que Beethoven prendra la peine de recopier – est menée avec une aisance magistrale. Originellement écrite pour deux pianos, c'est également une transcription pour cordes de la main de Mozart. Avec une énergie presque beethovénienne et un sens aigu de l'architecture, les quatre membres du exaltent de manière éblouissante l'habileté virtuose de Mozart lorsqu'il se tourne vers l'héritage de Bach pour exercer sa plume de contrapuntiste.

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