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« Je fais une carrière sans faire carrière »

est capable de tout. Après une fin de saison contrastée en juin dernier (entre instants de grâce le 25 mai ou le 29 juin et déceptions le 16 juin ou le 22 juin) voila les deux facettes du chef réunies en un seul concert. L'» Inachevée » de Schubert est donnée avec un effectif fourni de cordes, une option qui en vaut une autre.

Mais l'ensemble reste lourd, avec des phrases de vents tonitruantes, des transitions mal amenées et trop peu de différentiations des plans sonores. L'Orchestre National ne se dépare pas de son excellence, et la « pâte » Masur est bien perceptible dans les pianissimi des cordes, mais ce Schubert indigeste de lourdeur vous reste sur l'estomac… Tel n'est pas le cas de la Symphonie n°13 de Chostakovitch.

Certainement aidé par le propos dramatique de l'œuvre (les poèmes sont d'Evgeni Evtouchenko), le chef mène ses troupes dans une musique implacable de désespoir, où le double sens des textes n'échappe à personne. Les tensions des premier (Babi Yar, équivalent ukrainien d'Oradour-sur-Glane) et quatrième (la Terreur – excellent tuba solo de Bernard Neuranter) mouvements atteignent des sommets de paroxysme, tandis que l'aspect sardonique de l'Humour (« qui se rit des dictateurs ») ou la fausse ironie de l'ultime partie (avec son effet de valse musette) sont admirablement rendus.

La réussite est largement due à , qui sait trouver les couleurs nécessaires à chaque poème et sait passer d'une atmosphère à une autre avec un naturel confondant. Le public ne s'est pas trompé en réservant des rappels plus longs que nature aux soliste, chœur et orchestre.

Crédit photographique : © Théâtre Mariinsky, Saint-Pétersbourg

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