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Chostakovitch version musique dansante et dansée

L’année Chostakovitch aura décidément été fêtée avec beaucoup de soins par le label Capriccio. Après une intégrale majeure des symphonies sous la baguette de Dimitri Kitajenko, il nous offre deux nouveaux albums de musique légère. Le premier est confié au même Kitajenko dans des suites tirées des ballets idéologiquement engagés du compositeur.

Servi par une prise de son démonstrative, le chef d’orchestre prend son temps. Il refuse toute optique narrative et chorégraphique pour se concentrer sur les contrastes et la progression thématique de ces œuvres. Ce ne sont plus deux suites de ballets, mais des mini-symphonies que campe Kitajenko. Certes, ces pièces gagnent en épaisseur et en tragédie, mais on perd tout de même l’énergie et le déhanchement propres à ces ballets. Cette interprétation doit s’incliner devant celle, déjantée et cursive de Dimitri Yablonski (Naxos), et celle plus policée mais plus énergique de Theodor Kuchar (Brilliant).

En complément, Capriccio nous offre la très rare petite suite tirée du dessin animé l’Histoire du Pope et de son serviteur Balda. Composée en 1933, cette musique devait servit de support auditif à une adaptation du conte d’Alexandre Pouchkine. Le film muet de Michael Zechanowsky ne fut jamais présenté en public, et il fallut attendre le décès du compositeur pour voir apparaître quelques partitions éditées pour la première fois en 1979. D’une dizaine de minutes, ces six morceaux sont de véritables petits bijoux de fantaisie et d’humour. Kitanjenko qui signe ici le second enregistrement de la partition (après celui de Guennadi Rojdestvensky chez Melodiya) est plus à son aise, faisant ressortir l’acidité ironique de la partition.

Le second album échoit au chef Steven Sloane, actuel directeur de l’orchestre de Bochum. Dans un programme qui regroupe les partitions légères les plus célèbres du compositeur russe, le musicien fait de la musique pour la musique en évitant de s’encombrer de sous-entendus. Il fait sonner de manière optimale un Orchestre de la Radio de Berlin précis et léger. Le seul bémol est qu’en matière de brillant orchestral, il est impossible de faire mieux que les disques de Riccardo Chailly (Decca) avec l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam ou le Philadelphia Orchestra. C’est surtout flagrant dans la décapante suite tirée de l’opérette Moscou-Cheryomushki où le vaillant orchestre allemand ne peut rivaliser avec un Philadelphia Orchestra rutilant.

Dans un contexte discographique désormais bien chargé pour ces partitions, on continuera à thésauriser les différentes références citées ci-dessus tout en jetant de temps à autres une oreille sur ces deux disques.

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